jeudi 22 décembre 2016

Torture psychiatrique en France: les observations 2016 du Comité ONU Contre la Torture.


Extrait:

Établissements psychiatriques

29.Le Comité est préoccupé par :

a) les conditions matérielles de détention inadéquates des malades dans certains établissements psychiatriques ;

b) le recours fréquent et pour plusieurs jours à l’isolement avec ou sans contention malgré la loi du 26 janvier 2016 sur la modernisation du système de santé et les recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de santé de 1998 et de 2004 ;

c) l’absence de registre relatif à l’isolement et à la contention comme le prévoit la loi du 26 janvier 2016 ;

d) le fait que le recours à la contention mécanique n’obéit pas toujours aux mêmes critères et que sa durée est variable ;

e) et le fait que les patients concernés par les mesures de placement en isolement et en contention ne sont pas toujours informés de leurs droits et des moyens de recours contre ces décisions. Tout en notant les explications de l’État partie sur les mesures prises, le Comité s’inquiète en particulier des constatations faites par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté concernant le recours à l’isolement et à la contention dans le Centre psychothérapique de l’Ain et les conditions matérielles des personnes concernées qui y sont internées (art. 11, 16).


30. Le Comité recommande à l’ État partie :

a) D'améliorer les conditions de détention des personnes internées dans les hôpitaux psychiatriques ;

b) De s’assurer qu’il n’est pas fait un usage trop fréquent , voire systématique , de l’isolement et de la contention ;

c) De renforcer la formation des personnels des établissements psychiatriques afin qu’il soit fait une application effective des règles prévues par la loi du 26 janvier 2016 sur la modernisation du système de santé et d es recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de santé de 1998 et de 2004 ;

d) De veiller à ce que, dans tous les cas d’hospitalisation sans consentement, la loi du 5 juillet 2011 , modifiée le 25 septembre 2013, soit appliquée de manière effective quant au contrôle de ces hospitalisations, et que les patients soient informés de leurs droits et des possibilités de recours existantes.

31. Tout en prenant acte des mesures mises en place pour changer la situation dans le Centre psychothérapique de l’Ain, le Comité invite l’ État partie à mettre en œuvre, en urgence, toutes les recommandations du Contrôleur général des lieux de privation de liberté concernant ce centre.

...


Mon vœu pour 2017:

Que plus personne en France n'ignore la torture psychiatrique pratiquée en notre nom.

Références:

Document ONU à télécharger:
http://tbinternet.ohchr.org/_layouts/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CAT%2fC%2fFRA%2fCO%2f7&Lang=fr

Lire le dossier complet sur le site de l'association Neptune:
http://www.forumpsy.net/t1277-le-comite-contre-la-torture-de-l-onu-denonce-la-psychiatrie-francaise

Statistiques ATIH Santé 2015 (mises à l'isolement en hausse, pas d'infos sur les contentions)
http://www.atih.sante.fr/analyse-de-l-activite-hospitaliere-2015

Rapport 2015 de la Controleure des lieux de privation de liberté:
http://www.cglpl.fr/wp-content/uploads/2016/03/2015_DP_entier_DEF.pdf

La convention ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH)
http://www.un.org/french/disabilities/default.asp?id=1413

L’Observation générale n° 1 sur l’article 12
http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/CRPD/Pages/GC.aspx

Guidelines on article 14
http://www.ohchr.org/Documents/HRBodies/CRPD/GC/GuidelinesArticle14.doc

Rapport 2016 de Michel Laforcade sur la psychiatrie:
http://social-sante.gouv.fr/ministere/documentation-et-publications-officielles/rapports/sante/article/rapport-de-michel-laforcade-relatif-a-la-sante-mentale

mercredi 21 décembre 2016

L'hospitalisation forcée et le traitement forcé font plus de dommages que de bien, par Peter Gøtzsche - Campagne No Forced Treament.

Article original en anglais:

Http://www.deadlymedicines.dk/forced-admission-and-forced-treatment-in-psychiatry-causes-more-harm-than-good/

L'hospitalisation forcée et le traitement forcé font plus de dommages que de bien,
par Peter Gøtzsche, Professor, MD, DrMedSci, MSc

8 mars 2016

Le traitement forcé en psychiatrie tel que nous le pratiquons actuellement ne peut être défendu, ni sur des bases éthiques, ni sur des bases juridiques ou scientifiques. Ethiquement, les valeurs et les préférences des patients ne sont pas respectées, bien que le droit fondamental de l'homme à une égale reconnaissance devant la loi s'applique à tout le monde, aussi bien aux personnes atteintes de troubles mentaux 1,2. Cela ressort clairement de la Convention des Nations Unies sur les Droits des Personnes Handicapées 2, que pratiquement tous les pays ont ratifiée. Cependant, nous ignorons la Convention et nous continuons à discriminer les personnes ayant des problèmes mentaux.

Veuillez considérer ceci. Les médecins ne peuvent pas donner aux patients de l'insuline sans leur autorisation, même si le manque d'insuline peut les tuer, et ils ne peuvent pas donner des transfusions de sang à des personnes adultes témoins de Jéhovah sans leur permission, même si le manque de sang pourrait les tuer. Les seuls médicaments qui peuvent être administrés sans autorisation sont également parmi les plus dangereux. Les médicaments psychiatriques sont le troisième tueur majeur après les maladies cardiaques et le cancer, avec environ 539 000 décès aux États-Unis et l'Union européenne combinés. 1,3 Seuls les soldats en guerre et les patients psychiatriques sont forcés de courir des risques contre leur volonté qui pourraient les tuer ou les mutiler. Mais il existe une différence importante et éthiquement pertinente: les soldats ont choisi de devenir des soldats; Les patients psychiatriques n'ont pas choisi de devenir des patients psychiatriques.

Dans de nombreux pays, une personne considérée comme insensée, ou dans un état semblable, peut être admise dans un service psychiatrique sur une base involontaire si la perspective d'une guérison ou d'une amélioration substantielle et significative de la condition serait autrement sensiblement éloignée. Après avoir étudié soigneusement la science pendant de nombreuses années, je suis venu à douter que ce soit toujours le cas. 1

Le traitement forcé implique le plus souvent l'utilisation d'antipsychotiques, mais ce sont des médicaments très médiocres. Les essais cliniques contrôlés versus placebo sont gravement irréguliers parce qu'ils n'ont pas été suffisamment aveuglés. 1 Les antipsychotiques ont de nombreux effets secondaires évidents, de sorte que la plupart des médecins et des patients peuvent deviner si un médicament actif ou un placebo est donné, ce qui exagère nettement l'effet mesuré 1. , Presque tous les patients dans ces essais étaient déjà en traitement avec un antipsychotique avant qu'ils ne soient randomisés après une courte période d'élimination du produit (dite "wash-out"). Cette méthodologie de sevrage brutal (dite "cold turkey") signifie que les symptômes d'abstinence - qui peuvent inclure la psychose - sont subis par les patients qui reçoivent un placebo. Même aidé par ces biais formidables dans les essais, le résultat est pauvre. L'amélioration minimale de l'évaluation des impressions cliniques globales correspond à environ 15 points sur l'échelle des syndromes positifs et négatifs 4, mais ce qui a été obtenu dans les essais contrôlés par placebo récents dans les demandes de nouveaux antipsychotiques de la FDA (Food and Drug Administration) étaient de seulement 6 points 5, Aussi il est facile d'améliorer les scores de façon non négligeable si les gens sont assommés par un tranquillisant et expriment leurs idées anormales moins fréquemment. Ainsi, la FDA a approuvé de nouveaux médicaments antipsychotiques dont l'effet est bien en deçà de ce qui est cliniquement pertinent. Les médicaments anciens sont également inefficaces.

Alors que les avantages des antipsychotiques sont douteux, les méfaits sont certains, et la méthodologie du sevrage brutal est mortelle. Un patient sur 145 qui est entré dans les essais de rispéridone, d'olanzapine, de quetiapine et de sertindole est décédé, mais aucun de ces décès n'a été mentionné dans la littérature scientifique 6. Par conséquent, si nous voulons savoir à quel point ces médicaments sont mortels, nous devons nous référer aux essais pratiqués sur des cas de démence, étant donné que ces patients ne sont pas susceptibles d'avoir reçu des antipsychotiques avant la randomisation. Des essais randomisés dans les cas de démence montrent que pour 100 patients traités pendant quelques semaines, un est tué par un antipsychotique par rapport à ceux traités par placebo 7. Cela pourrait même être pire que cela parce que les décès sont gravement sous-déclarés dans les essais publiés. Par exemple, un examen a révélé que seulement 19 des 50 décès et 1 des 9 suicides sur l'olanzapine décrits dans les résumés des essais sur les sites internet étaient également présents dans les articles de revues. 8

Rien n'indique que la contention physique au moyen des ceintures ou l'isolement aient des avantages, mais ces traitements peuvent également être mortels. La violence engendre la violence et lorsque les patients psychotiques deviennent violents, c'est très souvent à cause du traitement inhumain qu'ils reçoivent. Ce peut être aussi parce qu'ils font l'expérience des syndrômes de sevrage lorsqu'ils oublient quelques doses d'un antipsychotique parce qu'ils sont très désagréables à prendre, ce qui peut inclure l'akathisie - une forme extrême d'agitation qui prédispose au suicide et à l'homicide.

Les électrochocs sont également contraint sur les personnes bien qu'il ne semblent pas fonctionner pour la schizophrénie et bien que l'effet sur la dépression soit temporaire, ce qui entraîne souvent une série de chocs. 1 Environ la moitié des patients subissent des pertes de mémoire 1 et plus les traitements sont répétés, plus sévères sont les pertes de mémoire 9. Certains psychiatres prétendent que les électrochocs peuvent sauver des vies, mais cela n'a jamais été documenté alors que nous savons que les électrochocs peuvent tuer les personnes: environ 1 patient sur 1000 meurent. 10

Une autre raison pour l'usage de la force est si les patients présentent un danger évident et substantiel pour eux-mêmes ou pour d'autres, auquel cas ils peuvent être involontairement admis. Cependant, cela n'est pas nécessaire. La loi italienne sur la santé mentale précise qu'une raison pour le traitement involontaire ne peut pas être que le patient est dangereux. C'est l'affaire de la police, comme c'est également le cas en Islande, et les patients en Italie peuvent décider qu'ils veulent un traitement ailleurs. 1

Le traitement forcé fait plus de mal que de bien et il tue beaucoup de personnes, non seulement à cause des dommages directs des médicaments, mais aussi à cause du suicide. Une étude sur un registre de 2 429 suicides a révélé que plus le contact avec le personnel psychiatrique avait été étroit, ce qui impliquait souvent un traitement forcé, et pire était le résultat. 11 Comparativement aux personnes n'ayant reçu aucun traitement psychiatrique au cours de l'année précédente, le rapport du taux ajusté du suicide est 44 (intervalle de confiance de 95% entre 36 et 54) pour les personnes qui avaient été admises dans un hôpital psychiatrique. Ces patients risqueraient d'être plus à risque de suicide que les autres patients (confusion par indication), mais la plupart des biais potentiels dans l'étude favorisaient l'hypothèse nulle qu'il n'existe pas de relation. Un éditorial qui l'accompagne a fait remarquer que certaines des personnes qui se suicident pendant ou après l'admission à l'hôpital le font en raison des conditions inhérentes à cette hospitalisation 12.

J'admets pleinement que certains patients soient très difficiles à traiter de façon optimale sans utiliser la force. Mais il semble qu'avec une bonne direction et une formation adéquate du personnel dans les techniques de désescalade, il est possible de pratiquer la psychiatrie sans utiliser la force.1,13,14 En Islande, les ceintures n'ont pas été utilisées depuis 1932 et il y a des psychiatres partout dans le monde qui ont traité les patients profondément perturbés pendant toute leur carrière sans jamais avoir utilisé ni les antipsychotiques, ni les ECT (électrochocs), ni la force.

Je crois que nous devons abolir les lois d'admission forcée et de traitement, conformément à la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées 2. L'abandon de la force sera préjudiciable à certains patients, mais cela profitera à beaucoup plus de personnes. Nous devrons trouver comment nous pourrions mieux traiter les patients qui auraient bénéficié d'un traitement forcé dans un avenir où la force n'est plus autorisée.

Peter C Gøtzsche possède une maîtrise en biologie et chimie de 1974 et un doctorat en médecine de 1984. Il est spécialiste en médecine interne. Il a co-fondé la Collaboration Cochrane en 1993 et ​​créé le Nordic Cochrane Centre la même année. Il est devenu professeur en méthodologie et analyse en recherche clinique à l'Université de Copenhague en 2010.

Références:

1 Gøtzsche PC. Deadly psychiatry and organised denial. Copenhagen: People’s Press; 2015.

2 United Nations Convention on the Rights of Persons with Disabilities. General comment No. 1 2014 May 19. http://daccess-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G14/031/20/PDF/G1403120.pdf?OpenElement (accessed 1 April 2015).

3 Gøtzsche PC. Does long term use of psychiatric drugs cause more harm than good? BMJ 2015;350:h2435.

4 Leucht S, Kane JM, Etschel E, et al. Linking the PANSS, BPRS, and CGI: clinical implications. Neuropsychopharmacology 2006;31:2318-25.

5 Khin NA, Chen YF, Yang Y, et al. Exploratory analyses of efficacy data from schizophrenia trials in support of new drug applications submitted to the US Food and Drug Administration. J Clin Psychiatry 2012;73:856–64.

6 Whitaker R. Mad in America. Cambridge: Perseus Books Group; 2002.
7 Schneider LS, Dagerman KS, Insel P. Risk of death with atypical antipsychotic drug treatment for dementia: meta-analysis of randomized placebo-controlled trials. JAMA 2005;294:1934–43.

8 Hughes S, Cohen D, Jaggi R. Differences in reporting serious adverse events in industry sponsored clinical trial registries and journal articles on antidepressant and antipsychotic drugs: a cross-sectional study. BMJ Open 2014;4:e005535.

9 Sackeim HA, Prudic J, Fuller R, et al. The cognitive effects of electroconvulsive therapy in community settings. Neuropsychopharmacology 2007;32:244-54.

10 Read J, Bentall R. The effectiveness of electroconvulsive therapy: a literature review. Epidemiol Psichiatr Soc 2010 Oct-Dec;19:333-47.

11 Hjorthøj CR, Madsen T, Agerbo E, et al. Risk of suicide according to level of psychiatric treatment: a nationwide nested case-control study. Soc Psychiatry Psychiatr Epidemiol 2014;49:1357–65.

12 Large MM, Ryan CJ. Disturbing findings about the risk of suicide and psychiatric hospitals. Soc Psychiatry Psychiatr Epidemiol 2014;49:1353–5.

13 Fiorillo A, De Rosa C, Del Vecchio V, et al. How to improve clinical practice on involuntary hospital admissions of psychiatric patients: Suggestions from the EUNOMIA study. Eur Psychiat 2011;26:201-7.

14 Scanlan JN. Interventions to reduce the use of seclusion and restraint in inpatient psychiatric settings: what we know so far, a review of the literature. Int J Soc Psychiat 2010;56:412–23.


Campagne CDPH prohibition absolue de l'hospitalisation involontaire et du traitement forcé.

Traduction Luc.

Plus:
Peter Gøtzsche sur youtube:

Psych-Drugs Harm - Few Benefit, Many Harmed, Sept. 16, 2015
https://www.youtube.com/watch?v=GNpGe5r0jI0

Psych-Drugs Harm - Stop Forced Treatment, Sept. 16, 2015
https://www.youtube.com/watch?v=2gZq5_17EJ0

Psych-Drugs Risks and Alternatives, October 15, 2016
https://www.youtube.com/watch?v=1saOtiFxtks


mardi 20 décembre 2016

"Tout pour le mieux du patient" par Dorrit Cato Christensen - Campagne "No Forced Treatment"

Article original en anglais paru sur le blog Mad in America.

Une histoire personnelle, le 18 Mars 2016 par Dorrit Cato Christensen.

Je partage mon histoire à l'appui de la campagne CDPH interdiction absolue de l'hospitalisation involontaire et du traitement forcé. Cette campagne est d'une importance capitale. Les hospitalisations et traitements médicaux, quand ils sont exercés par la force, sont de la torture, et doivent être immédiatement abolis parce que l' "aide psychiatrique" exercée par la force est une contradiction, et cela n'a absolument aucun sens. Cela peut détruire la personnalité des gens et leur confiance en soi. Cela peut conduire, à long terme, à des handicaps physiques et mentaux; et malheureusement, comme je le sais trop bien, cela peut aussi entraîner une mort soudaine.



J'ai été en contact étroit avec le système psychiatrique danois. Ma chère fille Luise a été happée par erreur dans ce système de «services», mais n'a pas réussi à en sortir vivante. Je suis triste de dire que j'appris plus tard comment la façon dont Luise a été traitée est la règle plutôt que l'exception. Après avoir écrit un livre sur Luise et le système psychiatrique, Cher Luise: une histoire de pouvoir et manque de puissance dans la santé mentale danoise, de nombreuses personnes m'ont contacté de partout dans le monde, pour me dire que l'histoire de Luise aurait pu être l'histoire d'un de leurs proches.

En tant que présidente de l'Association danoise "Morts dans les soins psychiatriques", je suis constamment en contact avec des gens désespérés qui ont été hospitalisés de force ou qui ont fait l'expérience d'une forme de traitement de santé obligatoire. Tous parlent de l'énorme quantité de médicaments qu'ils sont obligés d'avaler. Ils se sentent impuissants quand ils protestent contre les effets secondaires horribles, et quand on leur répond que la maladie a évolué et, que, par conséquent, la dose doit être augmentée. J'entends les expressions de satisfaction et de certitude suffisante de la part de certains professionnels de la détresse mentale, aussi bien médecins qu'infirmières et j'entends en même temps la déshumanisation de leurs patients par indifférence, par harcèlement, par coercition et par l'usage de la violence. Au travers de mon expérience avec ma chère Luise, j'ai pu observer ce monde froid et dangereux du traitement de la santé mentale.

Luise est morte en 2005, lorsque son corps et son esprit ne pouvaient plus supporter le traitement inhumain. Après sa mort, j'ai eu accès aux dossiers de l'hôpital. Lire les 600 pages de dossiers médicaux de Luise était une expérience douloureuse. Ils indiquent un diagnostic impersonnel, avec quelques traces de coercition, qu'elle soit directe ou indirecte, qui imprègnent la pile de notes et de graphiques. Luise voulait que je l'aide, mais les psychiatres ne voulaient pas entendre mon opinion, ils étaient certains qu'ils savaient mieux que moi. Donc, impuissante, j'observais comment Luise se détériorait à la fois physiquement et psychologiquement. J'ai été témoin de l'arrogance et de la malhonnêteté, de faux diagnostics répétés, de collusion professionnelle, de disparition des enregistrements officiels et de dossiers hospitaliers falsifiés.

Luise a commencé ce voyage en 1992, à l'âge de 18 ans. Elle était supposée passer un examen psychiatrique sans médicaments, et pourtant, elle a été soumise à un traitement lourd avec des médicaments psychotropes dès le premier moment où elle a mis le pied à l'hôpital. Au bout de huit jours, elle a failli mourir à cause de l'empoisonnement causé par ces médicaments psychiatriques. C'est arrivé en Août 1992. En Octobre 1992, elle était encore profondément marquée par cette intoxication. Je ne doute pas qu'elle a subi des dommages au cerveau en raison des traitements subis. Au lieu de traiter ces blessures, les psychiatres ont décidé d'augmenter les médicaments.

Luise a dit: « Non. » Elle a affirmé que les médicaments l'avaient rendue gravement malade, ce qui était la vérité. Les psychiatres ont interprété ces arguments comme des symptômes de sa maladie. Peu de temps après le traitement médical obligatoire par des injections a commencé, avec la contention physique par ceinture.

Elle a lutté pendant deux mois contre ces médicaments terribles. Le personnel médical a évidemment toujours gagné la bataille, par la force physique, avec des ceintures en cuir et des seringues.

À un moment donné Luise cessa de se débattre. Elle avait été brisée. Mon cœur saigne quand je lis les notes du 11 Novembre 1992. Deux mois et demi après qu'elle ait contacté le service psychiatrique de l' aide, il était écrit dans le dossier :

« Aujourd'hui, la patiente ne présente pas de résistance physique, mais elle est désireuse de prendre les médicaments et prend les mains (psychiatres ...), puis elle pleure. »

Après avoir lu les notes, je me rends compte que la coercition, explicite ou bien cachée, joue un rôle beaucoup plus grand que je ne l'avais imaginé.

Luise a lutté initialement et cela a donné lieu à des mesures de rétorsion à long terme. Je me suis aperçu que même la seule menace de mesures de rétorsion a été suffisante pour que Luise se rende. C'est la même histoire que j'entends de beaucoup de gens qui me contactent. À un certain moment, tout le monde va renoncer à se battre.

Le 14 Juillet 2005, à environ 4 heures, Luise a connu pour la dernière fois cette cruauté. Elle a été saisie et enfermée dans un hôpital psychiatrique. On lui a injecté un autre médicament psychiatrique, en plus des quatre qu'elle avait déjà pris. Le 15, la nuit, elle se promenait comme d'habitude (à cause de l'akathisie). On a entendu un bruit sourd. A 5 heures du matin Luise a été déclarée morte. La tentative de réanimation de la part du médecin a été vaine, ma Luise avait disparu à jamais.

Le message du dossier médical, écrit pas beaucoup d'heures avant sa mort, dit: « Aujourd'hui, la patiente a été persuadée de prendre des médicaments à libération prolongée.  Ensuite, quelques mots sur le dosage et la façon dont elle se sentait bien, et que le lendemain, elle pourrait être transférée dans une structure ouverte. »

Luise ne voulait pas que je la visite cet après-midi du 14 Juillet. Ce n'était pas normal, donc j'ai appelé le médecin de garde qui m'a dit qu'elle allait bien et qu'elle ne voulait pas me voir. J'ai demandé s'il y avait un changement de ses médicaments, je craignais qu'ils aient fait l'injection dont le médecin avait parlé, dont j'avais dit que cela serait la mort de Luise. La femme au téléphone a dit que, pour le bien de Luise, il avait été décidé de ne pas fournir l'information sur les changements de la médication mais seulement une fois par semaine. Donc, je suis invitée à rappeler le jeudi suivant. Ce fut alors que j'ai eu vraiment peur. Seulement quelques mots dans le dossier clinique sur cette décision si importante, d'injecter un nouveau médicament psychiatrique à libération prolongée.

Le droit médical prévoit que dans le dossier médical du patient doit être enregistré tout nouveau médicament administré, et les décisions du patient à cet égard. Rien n'était noté sur la fiche. Aucun consentement éclairé. Luise aurait tout fait pour éviter l'injection. C'est pourquoi la mention: « Le patient a été persuadé maintenant de prendre des injections de médicaments à libération lente » est si inquiétante. Je suis sûre qu'elle a lutté pour rejeter cette injection, car elle avait déjà failli mourir précisément à cause des injections de médicaments psychotropes.

L'autopsie a également révélé des traces sur de son corps, que le médecin légiste a été incapable d'expliquer. Je ne doute pas que ces traces ont été produites par des infirmières, quand elles l'ont plaquée au sol pour l'empêcher de combattre la prise de médicaments par injection. Injection et ensuite, entre huit à douze heures plus tard, elle est morte.

Les problèmes dus à la maladie mentale ne sont pas mortels. Malgré cela beaucoup de gens, trop de gens meurent pendant le traitement psychiatrique. Ils meurent parce qu'ils subissent des traitements à base de médicaments à des doses très élevées, souvent contre leur gré et avec l'utilisation de la violence. La tragédie de Luise est loin d'être unique au Danemark, comme dans tous les autres pays industriels avancés.

Après la mort de Luise, j'ai adressé une plainte à l' Agence nationale pour les droits des patients et de tous, et à l'association pour l'assurance des patients. Le titre de ma plainte: « La mort par empoisonnement par des médicaments. » J'ai nommé quatre médicaments différents avec lesquels ils l'ont traitée, ce qui constituait un énorme cocktail.

Selon ces agences Luise a reçu le plus haut standard de soins spécialisés. Donc, ils ont écrit:

« Le traitement antipsychotique a été formulé avec les meilleures normes professionnelles. Que les résultats n'aient pas été satisfaisants, cela est du à la nature de la condition, et aux circonstances qui font que les connaissances professionnelles et les options de traitements sont limitées. »

« Comme il est indiqué, je crois que le risque inhérent à un traitement médical doit être évalué par rapport aux souffrances que Luise H.C. aurait subi sans ces traitements. »

Il est incompréhensible que le traitement subi par Luise ait été jugé conforme à la norme, alors qu'en fait, les psychiatres ont administré des médicaments psychotropes à des doses trois fois plus élevées que les doses recommandées. Il n'y avait pas de consentement éclairé à ce cocktail de médicaments psychotropes et il n'y a rien d'écrit dans les dossiers médicaux de l'hôpital, concernant le traitement subi par Luise dans les derniers jours de sa vie.

Selon la Convention des Nations Unies, tout le monde est égal devant la loi. Alors, pourquoi cette égalité n'est-t-elle pas effective dans la pratique ? Et pourquoi personne n'est tenu responsable lorsque la loi est violée? Accepterons-nous une société où trop de gens perdent la vie pour une maladie qui n'est pas mortelle? Pouvons-nous accepter une société dans laquelle le traitement obligatoire est souvent la cause d'invalidité grave?

Ma réponse est NON. S'il vous plaît, arrêtez les traitements forcés. Pourquoi sur terre les psychiatres sont-ils si enclins à maintenir ces traitements qui sont si dangereux et dégradants? Je veux dire: « S'il vous plaît, descendez de votre tour d'ivoire, vers le bas, dans le monde réel, où il y a de vraies personnes. Arrêtez de dire que de tels traitements sont "pour le bien du patient." »


Sur youtube, le mal fait par les médicaments psychiatriques (en anglais).
https://youtu.be/YK9K1hpDbSU


Dorrit Cato Christensen est auteure, professeure et présidente de l'Association danoise "Morts dans les soins psychiatriques". Après le contact fatal de sa fille avec le système psychiatrique danois, elle a consacré sa vie à aider les gens qui sont piégés dans le système psychiatrique. Elle a rapporté l'histoire de sa fille dans ses conversations et dans son livre: "Chère Luise: Une histoire de la puissance et de l' impuissance dans le système de soins psychiatriques du Danemark"

https://absoluteprohibition.wordpress.com/
Campagne CDPH prohibition absolue de l'hospitalisation involontaire et du traitement forcé.


Traduction Luc.
Qui voudrait m'aider bénévolement à traduire en français pour le blog depsychiatriser les articles de la campagne no forced treatment ? (formulaire de contact en haut à droite ou bien message facebook).

lundi 5 décembre 2016

Présidentielles 2017: mes propositions aux candidats concernant la psychiatrie

Par Luc.

France, des réalités ignorées:

Les prescriptions psychopharmacologiques provoquent des maladies iatrogènes coûteuses, handicapantes, non diagnostiquées comme telles (Lucire, 2016, Breggin 2013, Healy 2016) (une maladie iatrogène est une maladie provoquée par les pratiques médicales elles-mêmes).

La "schizophrénie" guérit chez les personnes qui font le sevrage des produits psychiatriques (Wunderlink 2013, Harrow 2014).

La "schizophrénie" ne se constitue pas, là où les approches psychothérapeutiques inclusives de dialogue ouvert sont pratiquées (Seikkula 2011).

Les droits des personnes ne sont pas respectés en psychiatrie en France. Les personnes psychiatrisées sans consentement ont moins de droits que les détenus et les abus sont en augmentation constante. Le traitement forcé et les contentions sont des tortures psychiatriques commises avec l'argent des cotisants. (Rapport de la Controleure des lieux de privation de liberté 2016, Statistiques ATIH Santé 2015).

Les engagements français vis à vis de la Convention Droits des Personnes Handicapées de l'ONU ne sont pas respectés (Convention CDPH, Commentaire Général 1 sur article 12, et Guidelines on article 14).

La profession médico-psychiatrique française s'arqueboute sur un modèle médical dépassé (Convention CDPH, introduction). La corruption pratiquée par l'industrie psychopharmaceutique concerne les médecins, les médias, les universitaires, les associations (Base transparence santé).


Psychopharmacologie: changer les règles du jeu.

Le mode de fourniture des substances psychoactives est un choix politique citoyen et non pas l'apanage d'une corporation.

Les produits psychoactifs sont des pièges pour la condition humaine. Les choix sont politiques: pourquoi faire la guerre à la drogue d'un coté et prescrire les mêmes drogues à des enfants de l'autre coté ? Pourquoi prescrire le droguage forcé des personnes qui nous ennuient ? (Szasz)

Psychopharma c'est une industrie comme celle du tabac ou des boissons alcoolisées. Les choix politiques déterminent les conditions des marchés. La prescription forcée est à bannir. La publicité est à interdire. La responsabilisation de l'usager est nécessaire. La prescription doit se limiter aux adultes demandeurs et doit s'accompagner d'une information authentique, complète sur les dangers des produits. Toute demande de sevrage doit être facilitée. La profession médicale qui se laisse corrompre par le pouvoir et l'argent doit être punie et dépouillée de ses prérogatives. Il n'y a pas à tolérer la corruption médicale.

Les systèmes actuels de validation des indications psychopharmacologiques sont aberrants, car ils reposent sur les présupposés psychiatriques, sur du court terme, qu'ils ignorent les phénomènes de sevrage et les difficultés que les personnes psychomédiquées éprouvent pour apprécier leur condition. Enfin, ils se prêtent aux manipulations des données (Whitaker). Les inventions des psychiatres sont à dénoncer et à sanctionner comme du charlatanisme (Szsaz, Davies). Les médias, les revues scientifiques et les universités ne doivent pas recevoir d'argent de psychopharma non plus (Davies, Gøtzsche).

Je pense qu'idéalement, il faudrait séparer les industries de la pharmacologie non psychoactive de psychopharma et qu'aucun labo ne fasse les deux types de médicaments. Puis appliquer des contrôles spécifiques plus sévères sur psychopharma, en particulier vis à vis des effets sur la mémoire, la conscience de sa condition, le caractère neurotoxique des produits, les dépendances, accoutumances et syndromes de sevrage et les effets à long terme sur le système nerveux.


Les produits psychoactifs sont des pièges pour la condition humaine.

En plus des phénomènes d'accoutumance, de dépendance, des syndromes de sevrage et des dommages chroniques, les points importants me semblent:
  • Mémoire. en particulier mémoire à court terme, dont l'absence expose à agir dangereusement, et mémoire de la condition antérieure à la prise du produit.
  • Conscience de sa condition, et comment elle est affectée par le produit (Breggin).
  • Sensibilité à autrui, empathie, compassion: son absence expose aux transgressions morales.
  • Préservation des facultés intellectuelles qui sont indispensables pour s'informer et disponibilité d'une aide à l'information sinon.
  • Préservation de la volonté, possibilité d'assumer responsabilité sur ses actes et sa consommation: cela demande aussi que la personnalité soit respectée.
  • Non-incitation culturelle, médicale ou légale. Culturelles, par exemple alcoolisme professionnel, les pires sont la contrainte légale, la contrainte familiale, la prescription aux enfants et la contrainte éducative, enfin la prescription médicale qui fait que la consommation devient un devoir et une raison "scientifique".
  • La possibilité de se sevrer et d'être aidé pour cela.
  • La possibilité d'être aidé pour faire face à ses difficultés personnelles financières, sécurité, logement, mais aussi personnelles, existentielles ou spirituelles, familiales, professionnelles, juridiques.


Pourquoi agir ?

Parce que le système actuel est humainement désastreux, parce que les enfants sont déjà victimes et que leur futur est compromis, parce que les droits des personnes sont violés, parce que la torture psychiatrique devient de plus en plus répandue et banalisée, parce que l'éthique médicale n'existe plus, parce que la corruption et la déresponsabilisation se généralisent, parce que la dystopie psychiatrique dénoncée depuis des décennies par les usagers devient réalité (Toronto 1982).

La France doit honorer ses engagements envers l'ONU et progresser enfin en direction de l'implémentation de la Convention CDPH, dans ses lois et dans ses pratiques.


Quelques idées:

  • Redonner pouvoir à la personne sur son traitement. (Approche centrée sur la personne, Breggin).

  • Accepter les demandes de sevrage des produits psychiatriques et former les médecins au sevrage (Breggin).

  • Mieux communiquer avec les patients sur les limites des produits psychiatriques et sur leurs dangers. Privilégier les durées de prescription courtes. Arrêter la prescription psychiatrique aux enfants.

  • Apprendre aux médecins à reconnaître les effets des produits sur les fonctions cognitives, à diagnostiquer un syndrome de sevrage aux produits psychiatriques, à rechercher des signes de dyskinésies, d'hypertonie, d'akathisie et à diagnostiquer le dommage cérébral chronique provoqué par la consommation des produits psychiatriques (Breggin).

  • Mettre en place des approches de type Dialogue Ouvert, dédramatiser les situations, sortir l'entourage de la peur (Seikkula).

  • Renoncer au modèle médical et aux diagnostics qui n'ont pas été caractérisés biologiquement par des pathologistes, parce que ces étiquettes pérennisent les situations, et qu'elles constituent une stigmatisation et fabriquent des dépendances. A moins que la personne elle-même n'en fasse la demande, et qu'elle puisse faire abroger l'étiquette sur simple demande.

  • Conformer la législation française à la Convention Droits des Personnes Handicapées: arrêt des sytèmes de prise de décision substitutives comme le traitement forcé, les hospitalisations forcées ou les tutelles.

  • Redonner pouvoir aux usagers et aux citoyens sur les questions psycho-sociales. Le rapport 2016 de Michel Laforcade me semble dicté par la corporation medico-psychiatrique et n'audite que les associations de familles, mais pas les usagers. Conflit d'intérêts non mentionnés, ignorance des documents ONU.

  • Briser le monopole idéologique et ouvrir l'espace universitaire médical aux usagers et aux survivants de la psychiatrie, ainsi qu'aux critiques des présupposés psychiatriques.

  • Il n'y a pas à tolérer la corruption médicale pratiquée par l'industrie psychopharmacologique. L'éthique médicale doit être rétablie et des sanctions imposées.


Références:

Lucire Y (2016) Pharmacological Iatrogenesis: Substance/Medication-Induced Disorders That Masquerade as Mental Illness. Epidemiology (sunnyvale) 6:217. doi:10.4172/2161-1165.1000217.
http://www.omicsonline.org/open-access/pharmacological-iatrogenesis-substancemedicationinduced-disordersthat-masquerade-as-mental-illness-2161-1165-1000217.php

Breggin Peter, (2013), Psychiatric Drug Withdrawal: A Guide for Prescribers, Therapists, Patients and their Families.
http://breggin.com/

Healy David (2016)  Side Effects of Antipsychotics.
http://rxisk.org/side-effects-of-antipsychotics/

Wunderink L. (2013) Recovery in remitted first‐episode psychosis at 7 years of follow‐up of an early dose reduction/discontinuation or maintenance treatment strategy: long‐term follow‐up of a 2‐year randomized clinical trial. JAMA Psychiatry 2013;70:913–920.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23824214

Harrow M.
(2014) Does treatment of schizophrenia with antipsychotic medications eliminate or reduce psychosis? Psychological Medicine:doi:10.1017/S0033291714000610doi:10.1017/S0033291714000610
http://www.mentalhealthexcellence.org/wp-content/uploads/2013/08/HarrowJobePsychMedMarch2014.pdf

Seikkula, J., Alakare, B., & Aaltonen, J. (2011). The comprehensive open-dialogue approach in western Lapland: II. Long-term stability of acute psychosis outcomes in advanced community care. Psychosis, 3(3), 192–204.
http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17522439.2011.595819

Statistiques ATIH Santé 2015
http://www.atih.sante.fr/analyse-de-l-activite-hospitaliere-2015

Rapport 2015 de la Controleure des lieux de privation de liberté:
http://www.cglpl.fr/wp-content/uploads/2016/03/2015_DP_entier_DEF.pdf

La convention ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH)
http://www.un.org/french/disabilities/default.asp?id=1413

L’Observation générale n° 1 sur l’article 12
http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/CRPD/Pages/GC.aspx

Guidelines on article 14
http://www.ohchr.org/Documents/HRBodies/CRPD/GC/GuidelinesArticle14.doc

Rapport 2016 de Michel Laforcade sur la psychiatrie:
http://social-sante.gouv.fr/ministere/documentation-et-publications-officielles/rapports/sante/article/rapport-de-michel-laforcade-relatif-a-la-sante-mentale


Base transparence santé France:
https://www.transparence.sante.gouv.fr/

Szasz, Thomas (1961). The myth of mental illness.

Szasz, Thomas (1987). Insanity: The idea and its consequences.

Szasz, Thomas, (2007): The medicalization of everyday life.


Whitaker, Robert, (2011) : "Anatomy of an Epidemic: Magic Bullets, Psychiatric Drugs, and the Astonishing Rise of Mental Illness in America"

Davies, James (2014). Cracked, the unhappy truth about psychiatry.


Gøtzsche, Peter C (2013). Deadly Medicines and Organised Crime: How big pharma has corrupted healthcare.

Healy, David (2012). Pharmageddon.

Toronto 1982: Déclaration de principes de la 10 éme Conférence internationale sur les droits de l'homme et l'oppression psychiatrique.
http://www.psychiatricsurvivorarchives.com/phoenix/phoenix_rising_v3_n2.pdf




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mardi 29 novembre 2016

L'akathisie, un des aspects de la torture aux neuroleptiques, ou comment le produit psychiatrique fabrique les symptômes de la folie.


L'akathisie est un effet secondaire sérieux fait d'un sentiment de n'avoir pas de repos à l'intérieur de soi. Inconfort physique, incapacité à rester tranquille, ou moins évident, sous la forme d'un malaise constant et inquiétant à l'intérieur de soi, allant jusqu'à la perturbation émotionnelle intense.

Cela apparait au début, ou en cours, après quelques mois, ou à la baisse ou à l'arrêt de la consommation d'un produit neuroleptique (antipsychotique) (50% à 80% ou plus des personnes selon la dose et la durée) ou antidépresseur (20% des personnes). Cela peut persister plusieurs mois ou davantage après l'arrêt du produit.

Quelquefois la personne ne réalise pas que c'est provoqué par la consommation du produit psychiatrique avant d'avoir fait le sevrage du produit.

Symptômes:
  • Anxiété ou agitation
  • Incapacité à rester tranquille
  • Se sentir mal à l'aise émotionnellement ou insatisfait avec la vie, (dysphorie).
  • Problème de sommeil (insomnie)
  • Angoisse ou attaques de panique
  • Difficulté à rester assis immobile, ressentir le besoin de bouger constamment, par exemple par des allez et venir
  • Un sentiment de vouloir sauter hors de sa peau
  • Des pensées sombres et désagréables

Les médecins mal informés peuvent interpréter cela de façon erronée comme des signes psychiatriques et augmenter les doses, ce qui aggrave la condition. Au contraire, ce sont des signes iatrogènes, c'est à dire provoqués par les pratiques médicales elles-mêmes: cela demande de revoir le traitement.

Syndrome de sevrage des neuroleptiques, c'est quand on arrête ou qu'on baisse les doses, et cela peut être retardé jusqu'à 4 semaines. C'est surtout de l'insomnie et de l'akathisie, mais c'est très variable selon les personnes. Le sevrage des neuroleptiques devrait être progressif et plus lent à la fin du sevrage, par exemple par paliers de baisse de 10% de la dose restante, et il est recommandé de retourner au palier antérieur en cas d'insomnie (Breggin). Attention le sevrage est dangereux, et peut entraîner des gestes graves, comme suicide ou homicide: se faire accompagner par un médecin compétent, suivre par un psychologue, et avoir le soutien de son entourage.



Références:

Peter Breggin, 2013 "Psychiatric Drug Withdrawal"

RxISK Medical Team, 2016, "What is akathisia?"
http://rxisk.org/akathisia




lundi 21 novembre 2016

Le démon schizophrénie




"Nous devons reconnaître et accepter l'autre, respecter son altérité, sans conditions."

Jaakko Seikkula & Tom Erik Arnkil, 2014
"Open Dialogues & Anticipations: Respecting Otherness in the Present Moment."
http://opendialogueapproach.co.uk/product/open-dialogues-and-anticipations-respecting-otherness-in-the-present-moment-jaakko-seikkula-tom-erik-arnkil-paperback/

samedi 8 octobre 2016

L'auto-destruction psychiatrique: un piège complexe à mâchoires mutiples qui lie la personne, son entourage et le médecin lui-même.

Par Luc.

La drogue psychiatrique me semble pire que la drogue de la rue, elle est comme un sort qui se referme sur la personne, elle constitue un piège toxique aggravé d'endoctrinement collectif.

J'y vois un complexe psychosocial qui affecte la personne elle-même, son médecin, l'entourage et la société. Son fondement serait dans une culture d'auto-destruction.

Les produits psychiatriques comparés à la drogue de la rue.

C.R. Alder Wright découvrit l'héroine en 1874, observa la prostration induite chez l'animal, puis le produit fut vendu comme un substitut "non addictif" à la morphine et comme anti-tussif... Beaucoup plus tard, à partir de 1925, l'héroine fut interdite comme un des produits parmi les plus dangereusement addictifs. Notez que la drogue commence sa carrière comme un médicament anodin...

Considérez cependant que le fournisseur de la drogue de rue est en un sens moins fourbe que le médecin. Il ne prétend pas que son client souffre d'une maladie, ni que la drogue va le soigner. La drogue n'est pas gratuite, sa consommation n'est pas contrainte, elle n'ouvre pas de droits. On peut dire non au dealer, mais peu de médecins honorent les demandes de sevrage de leurs clients.

L'irresponsable incompétence des prescripteurs.

Aujourd'hui les médecins qui prescrivent les produits psychiatriques sont si fort incompétents qu'il n'en connaissent pas bien les effets, ni comment le corps s'adapte à l'intoxication chronique. Ils semblent ignorer par exemple que les anti-dépresseurs provoquent des suicides, les stimulants des manies et les neuroleptiques des psychoses. Ils ne savent pas que la personne intoxiquée par les produits qu'ils ont prescrit n'est pas en mesure d'apprécier l'effet du produit sur sa psyché. Ils ne savent pas distinguer les effets du produit des perturbations émotionnelles contextuelles chez leurs clients. Les médecins ne savent pas reconnaître un syndrome de sevrage de produit psychiatrique, et la plupart ne savent pas non plus gérer un tel sevrage. Pour beaucoup la drogue psychiatrique est prescrite à vie: on ne l'arrête jamais. La plupart de ces médecins refusent d'aider la personne à se sevrer des produits. Les médecins ne savent pas non plus reconnaître les altérations chroniques du cerveau produites par les procédés psychiatriques. Beaucoup prescrivent des polymédications dangereuses dont on ne sait rien.

Je vous propose d'analyser les différents mécanismes du piège complexe de la drogue psychiatrique.


Le Leviathan est une métaphore du contrat social


  1. Mâchoire d'incapacitation: la drogue psychiatrique empêche la personne de fournir un effort d'attention, de lire et de s'exprimer. La personne ne parvient pas à se rendre compte elle-même des effets du produit sur sa psyché. Avolition: le produit psychiatrique détruit la volonté de la personne de se sortir du piège. Apathie, indifférence: effet direct des neuroleptiques, et symptôme du dommage cérébral chronique aux médicaments psychiatriques. Ceci empêche la personne de sortir du piège.

  2. Mâchoire de traumatisme et de peur: la personne est traumatisée par les psychiatres, les médecins et les juges. Elle est paralysée par la peur, par le traumatisme. La personne rejette tout, quelquefois cela inclut la médecine somatique et la science, la personne ne fait plus confiance et ne communique plus. Les conséquences du traumatisme et les velléités de rébellion sont faussement interprétées comme des demandes psychiatriques.

  3. Mâchoire de fabrication des maladies iatrogènes: les produits provoquent les maladies et les perturbations psychologiques par toxicité directe, par syndrome de sevrage, par dommage chronique ou par révélation tardive. Les symptômes sont faussement interprétés comme une demande psychiatrique.

  4. Mâchoire de perte des droits: la personne psychiatrisée perd tous ses droits, surtout quand elle est contrainte: son courrier est bloqué, sa communication est restreinte, son information est mensongère et contrôlée, son dossier est inaccessible, son argent est mis sous tutelle, son pouvoir de décision est substitué, sa famille est décomposée, ses enfants sont placés. La personne ne peut pas déposer plainte elle-même.

  5. Mâchoire d'étiquetage psychiatrique: pour donner une apparence de légitimité à l'imposture psychiatrique, le médecin prétend identifier des maladies qui ne correspondent qu'aux demandes psycho-sociales incorrectement adressées à la médecine.

  6. Mâchoire d'endoctrinement psychiatrique: la personne est brisée par endoctrinement dans l'acceptation d'un diagnostic bidon et remercie faussement ses tortionnaires. La personne a peur d'elle-même, elle n'a plus confiance en elle.

  7. Mâchoire de normalisation: avec le pseudo-diagnostic psychiatrique, le non-exprimé, l'incompris, l'inconnu qui faisaient peur n'existent plus. Le conflit familial ou social est résolu au prix de la destruction de la personne.

  8. Mâchoire de peur de l'entourage: l'entourage est traumatisé par la psychiatrisation d'un des leurs, se culpabilise pour cela, et craint plus que tout de devoir recommencer une procédure de contrainte qui les a éprouvé. L'entourage a si peur d'un syndrome de sevrage interprété en "rechute" qu'il demande souvent le maintien et l'accroissement des doses, de façon coercitive.

  9. Mâchoire d'incitation sociale: le rôle social de "malade mental" est encouragé financièrement.

  10. Mâchoire de rejet social: l'histoire psychiatrique de la personne et les effets visibles des pratiques psychiatriques lui ferment toutes les portes, sauf celle de ses tortionnaires.

  11. Mâchoire de fuite des responsabilités pénales: quand le tribunal déclare que l'accusé est irresponsable. Ce peut être le choix de la personne mais aussi l'occultation des responsabilités d'autrui, et même la fuite d'une société entière confrontée à des réalités gênantes. La personne est livrée à la déresponsabilisation et à l'arbitraire pour une durée indéfinie.

  12. Mâchoire d'incompétence médicale: L'incompétence médicale vient des présupposés psychiatriques du modèle médical, les "maladies" purement psychiatriques sont présupposées pour coller à la demande, mais elles n'ont jamais été caractérisées ni prouvées biologiquement. L'incompétence est entretenue par les labos qui présentent des essais basés sur ses présupposés, donc invalides dès le départ, et qui ignorent l'impossibilité pour la personne d'apprécier elle-même les effets du produit. Le labo truque les essais et leur interprétation, cache les résultats négatifs, corrompt les universitaires, les journaux, les médecins clefs, et s'efforce de monopoliser l'information sur un produit.

  13. Mâchoire d'imposture médicale: le médecin n'est pas compétent en conseil social, psychologique ou spirituel et n'est pas disponible pour assumer ce rôle. Ses instruments sont inappropriés et il n'a que ceux-là à sa disposition. Quand la médecine échoue, le mauvais médecin se retourne contre son patient et le drogue. En psychiatrie, le médecin réalise une fuite en avant en augmentant les doses des produits et en multipliant les médications et les tortures présentées en soins, dans un cercle vicieux d'aggravation.

  14. Mâchoire de honte du médecin: le médecin a honte des abus pratiqués et occulte cela en n'y pensant pas, et en se reposant sur les personnes les plus dogmatiques, les plus insensibles ou les plus cyniques de la corporation. Ainsi le manteau du médecin protège-t-il les charlatans, les marchands de drogue et les tortionnaires.

  15. Mâchoire des intérêts d'une corporation: le pouvoir absolu accordé aux médecins sur les personnes au nom de la psychiatrie coercitive est attractif et corrupteur. Le monopole sur le discours philosophique et humain au nom de la pseudo-science élaborée par la psychiatrie est attractif. La loi du silence de la corporation et son impunité renforcent la non-dénonciation des abus.

  16. Mâchoire d'incompétence psychologique: certains psychologues sont intoxiqués par l'idéologie psychiatrique et n'ont pas les moyens culturels de la critiquer, en France du moins. Le conseiller psy et le psychothérapeute imposent souvent comme préalables l'acceptation de l'endoctrinement psychiatrique par la personne et quelquefois l'acceptation des procédés psychiatriques comme la consommation des produits prescrits.

  17. Mâchoire d'intérêts industriels: l'industrie psycho-pharmacologique bénéficie de la vente de drogues remarketées en médicaments et de la destruction chronique des personnes. Elle corrompt les universitaires, les publications, les médecins, les media. Ses intérêts sont synergiques avec ceux de la corporation médico-psychiatrique, qui contrôle l'idéologie, invente des maladies bidon sur mesure, permet les essais truqués, et lui ouvre des marchés de prescriptions. Par exemple, les amphétamines sont une drogue illégale et un médicament psychiatrique. Le syndrome bidon "hyperactivité et déficit de l'attention" est devenu la coqueluche des parents obsédés de résultats scolaires, au prix de torturer leur enfant, d'endommager son cerveau et sa santé, et de fabriquer des addictions futures.

  18. Mâchoire d'intérêts criminels: Cela va de la simple décrédibilisation d'un adversaire à la destruction physique, psychologique et sociale d'une personne pratiquée de façon discrète au moyen de la psychiatrie. Ces possibilités sont attractives pour les intérêts criminels.

  19. Mâchoire du fascisme: en vrac, exploitation de la demande sécuritaire par la propagande psychiatrique. Lois de psychiatrie forcée. Confiscation du discours psycho-social et de la politique psycho-sociale par la corporation médico-psychiatrique. Contrôle des media. Interdiction des initiatives non psychiatriques. Persécution de la diversité humaine. Normalisation forcée, travail forcé. Etudes génétiques bidon. Eugénisme rampant ou déclaré. Stérilisation des personnes désignées. Prétention à la "prévention en santé mentale". Psychiatrisation des enfants. Psychiatrisation de la dissidence politique. "Dépistage" psychiatrique. Recrutement des autres secteurs de la société, comme l'éducation, au service de l'imposture psychiatrique. Opacité, bureaucratie, corruption.

  20. Mâchoire culturelle: La culture de médication psychiatrique est comme une culture d'auto-destruction. Il me semble que les mêmes pays se retrouvent dans la culture de l'alcool et dans le renoncement à s'accomplir.


Que faire ? Quelques pistes...

Cesser la contrainte psychiatrique conformément à la convention ONU CDPH.

Arrêter les tutelles et les prises de décision substitutives conformément à la convention ONU CDPH.

Dénoncer l'idéologie psychiatrique et le modèle médical.

Former les médecins à reconnaître les effets des produits psychiatriques et les syndromes de sevrage, à pratiquer les sevrages, par exemple avec le livre de Peter Breggin," Psychiatric Drug Withdrawal".

Ne pas prescrire de produits psychiatriques aux enfants.

Accepter toute demande de sevrage de produit psychiatrique.

Informer les personnes des dangers et des limites des produits qu'ils demandent.

Redonner leur place aux conseillers psychologiques et spirituels.

Approches de dialogue ouvert, dédramatiser les situations, sortir l'entourage de la peur.

Redonner pouvoir aux usagers et aux citoyens sur les questions psycho-sociales.

Briser le monopole idéologique et ouvrir l'espace universitaire aux usagers, aux spirituels.

Vos idées...


Références:
Davantage d'efforts en "santé mentale" = davantage de suicides, étude sur 100 pays. En réalité, les médecins ne sont utiles qu'à sevrer les dépendances pharmacologiques.

"RESULTS: Contrary to the hypothesized relationship, the study found that after introducing mental health initiatives (with the exception of substance abuse policies), countries' suicide rates rose."

Aust N Z J Psychiatry. 2004 Nov-Dec;38(11-12):933-9.
Do nations' mental health policies, programs and legislation influence their suicide rates? An ecological study of 100 countries.
Burgess P1, Pirkis J, Jolley D, Whiteford H, Saxena S.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15555028

Suicides et violences provoquées par les produits psychiatriques.
Lucire Y (2016) Pharmacological Iatrogenesis: Substance/Medication-Induced Disorders That Masquerade as Mental Illness. Epidemiology (sunnyvale) 6:217. doi:10.4172/2161-1165.1000217
http://www.omicsonline.org/open-access/pharmacological-iatrogenesis-substancemedicationinduced-disordersthat-masquerade-as-mental-illness-2161-1165-1000217.php?aid=69317

Un bon site d'information sur les effets secondaires
http://rxisk.org/

Breggin, Peter (2013). Psychiatric Drug Withdrawal: A Guide for Prescribers, Therapists, Patients and their Families.

Whitaker, Robert (2010). Anatomy of an epidemic.

Davies, James (2014). Cracked, the unhappy truth about psychiatry.

Gøtzsche, Peter C (2013). Deadly Medicines and Organised Crime: How big pharma has corrupted healthcare.

Olsen, Gwen Leslie (2014) Médicaments psychotropes : Confessions d'une visiteuse médicale.

mardi 27 septembre 2016

Toronto 1982: Déclaration de principes de la 10 éme Conférence internationale sur les droits de l'homme et l'oppression psychiatrique, une traduction française.

Extrait des archives du journal Phoenix Rising:

A Toronto, Canada, le 14 à 18 mai 1982, la conférence a adopté les principes suivants:

The Tenth Annual International Conference on Human Rights and Psychiatric Oppression, held in Toronto, Canada on 14 to 18 May 1982 adopted the following principles:

  1. Nous nous opposons à toute intervention psychiatrique involontaire, y compris l'hospitalisation forcée et l'administration des procédés psychiatriques ( «traitements») par la force ou la contrainte ou sans le consentement éclairé.

    We oppose involuntary psychiatric intervention including civil commitment and the administration of psychiatric procedures ("treatments") by force or coercion or without informed consent.


  2. Nous nous opposons à toute intervention psychiatrique involontaire parce qu'il s'agit d'un acte contraire à l'éthique et un viol du droit constitutionnel à la liberté, à une procedure légale régulière et au droit à être laissé en paix.

    We oppose involuntary psychiatric intervention because it is an unethical and unconstitutional denial of freedom, due process and the right to he left alone.


  3. Nous nous opposons à toute intervention psychiatrique involontaire parce qu'elle est une violation du droit de l'individu à contrôler sa propre âme, son esprit et son corps.

    We oppose involuntary psychiatric intervention because it is a violation of the individual's right to control his or her own soul, mind and body.


  4. Nous nous opposons à tout procédé psychiatrique forcé telle qu'administration de drogues, électrochocs, psychochirurgie, contentions, isolement, et "modification du comportement oppositionnel."

    We oppose forced psychiatric procedures such as drugging electroshock, psychosurgery, restraints, solitary confinement, and "aversive behaviour modification."


  5. Nous nous opposons à tout procédé psychiatrique forcé parce que ceux-ci humilient, handicapent, blessent, incapacitent, et tuent les personnes.

    We oppose forced psychiatric procedures because they humiliate, debilitate, injure, incapacitate and kill people.


  6. Nous nous opposons à toute procédé psychiatrique forcé parce que ceux-ci sont au mieux du charlatanisme et au pire des tortures, qui peuvent causer et en fait réalisent des dommages graves et irréversibles à toute l'existence des personnes qui les subissent.

    We oppose forced psychiatric procedures because they are at best quackery and at worst tortures, which can and do cause severe and permanent harm to the total being of people subjected to them.


  7. Nous nous opposons au système psychiatrique parce qu'il est intrinsèquement tyrannique.

    We oppose the psychiatric system because it is inherently tyrannical.


  8. Nous nous opposons au système psychiatrique parce qu'il est une force de police parallèle extra-judiciaire qui supprime la dissidence culturelle et politique.

    We oppose the psychiatric system because it is an extra legal parallel police force which suppresses cultural and political dissent.



  9. Nous nous opposons au système psychiatrique parce qu'il punit les personnes qui ont eu ou prétendent avoir eu des expériences spirituelles et invalident ces expériences en les définissant comme des «symptômes» de la «maladie mentale».

    We oppose the psychiatric system because it punishes individuals who have had or claim to have had spiritual experiences and invalidates those experiences by defining them as "symptoms" of "mental illness."


  10. Nous nous opposons au système psychiatrique, car il utilise les signes extérieurs de la médecine et de la science pour masquer la fonction de contrôle social qu'elle dessert.

    We oppose the psychiatric system because it uses the trappings of medicine and science to mask the social-control function it serves.


  11. Nous nous opposons au système psychiatrique parce qu'il invalide les besoins réels des populations pauvres en offrant la protection sociale sous le couvert de "soins et traitements" psychiatriques.

    We oppose the psychiatric system because it invalidates the real needs of poor people by offering social welfare under the guise of psychiatric "care and treatment."


  12. Nous nous opposons au système psychiatrique parce qu'il se nourrit sur les pauvres et ceux qui n'ont pas le pouvoir, les personnes âgées, les femmes, les enfants, les minorités sexuelles, les personnes de couleur et les groupes ethniques.

    We oppose the psychiatric system because it feeds on the poor and powerless, the elderly, women, children, sexual minorities, people of colour and ethnic groups.


  13. Nous nous opposons au système psychiatrique, car il crée une classe stigmatisée de la société qui est facilement opprimée et contrôlée.

    We oppose the psychiatric system because it creates a stigmatized class of society which is easily oppressed and controlled.


  14. Nous nous opposons au système psychiatrique car son influence croissante dans l'éducation, les prisons, le militaire, le gouvernement, l'industrie et la médecine menace de transformer la société en un état psychiatrique constitué de deux classes: ceux qui imposent le «traitement» et ceux à qui il a été imposé ou qui sont susceptibles de l'être.

    We oppose the psychiatric system because its growing influence in education, the prisons, the military, government, industry and medicine threatens to turn society into a psychiatric state made up of two classes: those who impose "treatment" and those who have or are likely to have it imposed on them.


  15. Nous nous opposons au système psychiatrique parce qu'il est terriblement similaire à l'Inquisition, à l'esclavage des personnes comme du bétail et aux camps de concentration nazis.

    We oppose the psychiatric system because it is frighteningly similar to the Inquisition, chattel slavery and the Nazi concentration camps.


  16. Nous nous opposons au modèle médical de «maladie mentale» parce que celui-ci justifie l'intervention psychiatrique involontaire dont le droguage forcé.

    We oppose the medical model of "mental illness" because it justifies involuntary psychiatric intervention including forced drugging.


  17. Nous nous opposons au modèle médical de «maladie mentale» parce qu'il dupe le public dans la recherche et l'acceptation d'un traitement «volontaire» en promotant l'idée que les problèmes fondamentaux de l'homme, qu'ils soient personnels ou sociaux, puissent être résolus par des moyens médicaux ou psychiatriques.

    We oppose the medical model of "mental illness" be cause it dupes the public into seeking or accepting "voluntary" treatment by fostering the notion that fundamental human problems, whether personal or social, can be solved by psychiatric/medical means.


  18. Nous nous opposons à l'utilisation des termes psychiatriques parce qu'ils substituent un jargon à un langage simple et parce qu'ils sont fondamentalement stigmatisants, humiliants, non scientifiques, mystificateurs et de nature superstitieuse. Exemples:

    We oppose the use of psychiatric terms because they substitute jargon for plain English and are fundamentally stigmatizing, demeaning, unscientific, mystifying and superstitious. Examples:

    En langage clair
    (Plain English)
    Dans le jargon psychiatrique
    (Psychiatric Jargon)
    Détenu psychiatrique
    (Psychiatric inmate)
    Malade mental
    (Mental patient)
    Institution psychiatrique
    (Psychiatric institution)
    Hôpital psychiatrique / centre de santé mentale
    (Mental hospital/mental health center)
    Système psychiatrique
    (Psychiatric system)
    Système de santé mentale
    (Mental health system)
    Procédé psychiatrique
    (Psychiatric procedure)
    Traitement / thérapie
    (Treatment/therapy)
    Les difficultés personnelles ou sociales dans la vie
    (Personal or social difficulties in living)
    La maladie mentale
    (Mental illness)
    Caractéristique ou trait socialement indésirable
    (Socially undesirable characteristic or trait)
    Symptôme
    (Symptom)
    Drogues
    (Drugs)
    Médicaments
    (Medication)
    Droguage
    (Drugging)
    Chimiothérapie
    (Chemotherapy)
    Electrochocs
    (Electroshock)
    Electroconvulsivothérapie / Sismotherapie
    (Electroconvulsive therapy)
    Colère
    (Anger)
    Hostilité
    (Hostility)
    Enthousiasme
    (Enthusiasm)
    Manie
    (Mania)
    Joie
    (Joy)
    Euphorie
    (Euphoria)
    Peur
    (Fear)
    Paranoia
    (Paranoia)
    Tristesse / frustration
    (Sadness/unhappiness)
    Dépression
    (Depression)
    Vision / expérience spirituelle
    (Vision/spiritual experience)
    Hallucination
    (Hallucination)
    Non-conformité
    (Non-conformity)
    Schizophrénie
    (Schizophrenia)
    Croyance non majoritaire
    (Unpopular belief)
    Délire
    (Delusion)



  19. Nous croyons que les gens doivent avoir le droit de vivre de quelque manière ou mode de vie qu'ils choisissent.

    We believe that people should have the right to live in any manner or lifestyle they choose.


  20. Nous croyons que les pensées suicidaires et / ou les tentatives de suicide ne doivent pas être traitées comme une question psychiatrique ou juridique.

    We believe that suicidal thoughts and/or attempts should not be dealt with as a psychiatric or legal issue.


  21. Nous croyons que la dangerosité présumée, que ce soit envers soi-même ou envers d'autres, ne doit pas être considérée comme un motif pour refuser la liberté individuelle, et que les seuls actes criminels prouvés devraient être à la base de ce refus.

    We believe that alleged dangerousness, whether to one self or others, should not be considered grounds for denying personal liberty, and that only proven criminal acts should be the basis for such denial.


  22. Nous croyons que les personnes accusées de crimes devraient être jugés pour leurs actes criminels présumés dans le respect de la procédure légale, et que les professionnels psychiatriques ne devrait pas avoir statut d'expert-témoin dans une procédure pénale ni devant les juridictions de droit.

    We believe that persons charged with crimes should be tried for their alleged criminal acts with due process of law, and that psychiatric professionals should not be given expert-witness status in criminal proceedings or courts of law.


  23. Nous croyons qu'il ne devrait y avoir aucune intervention psychiatrique involontaire dans les prisons et que le système pénitentiaire doit être réformé et humanisé.

    We believe that there should be no involuntary psychiatric interventions in prisons and that the prison system should be reformed and humanized.


  24. Nous pensons qu'aussi longtemps que la liberté d'un individu est injustement restreinte, alors personne n'est vraiment libre.

    We believe that so long as one individual's freedom is unjustly restricted no one is truly free.


  25. Nous croyons que le système psychiatrique est, en fait, un programme de pacification contrôlé par les psychiatres et soutenu par les autres professionnels de la santé mentale, dont la fonction principale est de persuader, de menacer ou de forcer les gens à se conformer aux normes et aux valeurs établies.

    We believe that the psychiatric system is, in fact, a pacification programme controlled by psychiatrists and supported by other mental health professionals, whose chief function is to persuade, threaten or force people into conforming to established norms and values.


  26. Nous croyons que le système psychiatrique ne peut être réformé, mais qu'il doit être aboli.

    We believe that the psychiatric system cannot be reformed but must be abolished.


  27. Nous croyons que les réseaux communautaires bénévoles alternatifs au système psychiatrique devraient être largement encouragés et soutenus. Des alternatives telles que les groupes d'entraide mutuelles et de s'aider soi-même, les groupes de défense des droits et d'advocacy, les maisons en coopérative, les centres de crise et d'accueil devraient être contrôlés par les utilisateurs eux-mêmes pour répondre à leurs besoins, tout en garantissant leur liberté, leur dignité et le respect de soi.

    We believe that voluntary networks of community alternatives to the psychiatric system should be widely encouraged and supported. Alternatives such as self-help or mutual support groups, advocacy/rights groups, co-op houses, crisis centers and drop-ins should be controlled by the users themselves to serve their needs, while ensuring their freedom, dignity and self-respect.


  28. Nous exigeons la fin de toute intervention psychiatrique involontaire.

    We demand an end to involuntary psychiatric intervention.


  29. Nous exigeons la liberté individuelle et la justice sociale pour tous.

    We demand individual liberty and social justice for everyone.


  30. Nous avons l'intention de faire de ces mots une réalité et nous n'aurons pas de repos qu'il en soit ainsi.

    We intend to make these words real and will not rest until we do.

(Traduction Luc)

lundi 29 août 2016

La "guérison" en "santé mentale", vue sous l'angle de l'offre et de la demande

Par Luc.

Et si on regardait la "guérison" en "santé mentale" comme le font les économistes, en analysant l'offre et la demande ?

La guérison est la cessation de la demande

Si vous ne demandez plus de psychiatrie, et si personne ne demande de psychiatrie pour vous, alors vous êtes par définition guéri de votre "maladie psychiatrique".

Donc être guéri, c'est exprimer sa non-demande sur la durée et faire en sorte que les lois respectent cette non-demande...

Soigner c'est offrir des réponses non-médicales aux demandes

Corollaire: Soigner c'est offrir des réponses non médicales aux demandes psycho-sociales. Il est nécessaire que ces réponses satisfassent les demandes des différents partis. C'est ce que s'efforce de réaliser l'approche Open Dialogue par exemple.

Comment ne pas soigner

En revanche aggraver une "maladie psychiatrique", c'est faire en sorte que la cessation de la demande n'advienne pas, soit en niant les droits de la personne, soit en pérennisant la demande par des procédés légaux, pharmacologiques, ou encore par endoctrinement ou par incitation financière. Ou encore en pénalisant l'offre non-médicale.

Où est le profit ?

Le profit est dans la pérennisation de la demande, ce qui fait que les acteurs n'ont pas d'intérêt à la guérison. Big Psychopharma a intérêt à concevoir des produits qu'on ne puisse plus arrêter, typiquement les neuroleptiques. Il y a intérêt à étendre les marchés existants et à ouvrir de nouveaux marchés, par exemple en inventant de nouvelles pathologies et en s'attaquant à la pédiatrie et aux pays où Big Psychopharma est moins présent. Au besoin fabriquer les maladies dont on a besoin et recruter grâce à la propagande, en jouant sur la peur.




jeudi 18 août 2016

Tout faire pour éviter la crainte que la mort de Nathalie ne tombe dans l'oubli après une une fin de vie injuste, par M'hamed EL Yagoubi

Article paru originellement sur le blog du Collectif Vérité et Justice pour Nathalie:
http://cvjn.over-blog.com/2016/08/tout-faire-pour-eviter-la-crainte-que-la-mort-de-nathalie-ne-tombe-dans-l-oubli-apres-une-une-fin-de-vie-injuste-centre-hospitalier



Tout faire pour éviter la crainte que la mort de Nathalie ne tombe dans l'oubli après une une fin de vie injuste 

Centre hospitalier Montperrin d’Aix-en-Provence

Autopsie d'un paradigme psychiatrique hospitalier mortifère

Une syntaxe sans sémantique

Dale Nathalie. Née le 21 mai 1970 à Cagnes-Sur-Mer

Décédée le 31 janvier 2014 à Aix-en-Provence
d'une défaillance respiratoire due à une surcharge médicamenteuse, selon le certificat de décès établi par le service de la médecine légale le 03/02/2014.

Victime à la fois de traitements médicamenteux, de traitements psychiatriques abusifs, d'un internement illégitime.


Dépossédée de son enfant, de ses biens et de sa dignité.

De longues années de maltraitance psychiatrique et d'abus de curatelle.


L'acharnement psychiatrique et socio-judiciare punitif et la vanité des mesures d'humiliation expliquent la mécanique de la mise à mort de Nathalie.
Voir le lien : http://cvjn.over-blog.com/2016/02/nathalie-texte-explicatif-cvjn.html

L'axe central de l'architecture mortifère est l'arrêté préfectoral d'hospitalisation d'office du 19 octobre 2010. Il a été concocté et confectionné dans le cadre d'une véritable offensive officielle et médiatique contre les personnes soufrant de « troubles mentaux », lancée par le discours présidentiel le 02 décembre 2008. Un discours agité par des ressorts idéologiques visant à stabiliser et à rassurer la commande du navire politique en difficulté.
Voir le lien : http://www.collectifpsychiatrie.fr/?page_id=809

On peut tout au moins dire du centre hospitalier de Montperrin, déjà condamné par celles et ceux qui sont passés par là (voir extrait du témoignage qui suit, il y en a beaucoup), notamment de Pontier-est, (et en particulier la psychiatre), non seulement ne s'est pas engagé dans le rétablissement de Nathalie, mais qu'au contraire, il a amplifié le processus mortifère et accéléré sa destruction totale le 31 janvier 2014. Je me souviens in situ du déroulement des visites et des rendez-vous avec la psychiatre du secteur lors de son séjour du 01 janvier 2010 au 26 avril 2010 et lors de son internement d'office du 19 octobre 2010 au 19 janvier 2011. Entre son éjection de ce centre le 26 avril 2010 et l'intervention des services préfectoraux et connexes le 19 octobre 2010, l'acharnement institutionnel et social s'est concrétisé par des actes extrêmement graves de la soi-disant psychiatre et par sa posture. Tout au long des deux périodes j'étais présent chaque jour, le matin et l'après-midi, muni des colis répondant à tous les besoins fondamentaux de la victime en dépit des de mes conditions professionnelles et matérielles, déjà précaires. Je la faisais sortir quotidiennement, à l'intérieur de l'enceinte du centre hospitalier et à l'extérieur. J'agissais dans confiance avec le personnel. Mais le comportement de ce personnel (psychiatre et infirmière « G ») devint d'abord énigmatique, puis manifestement indécent (professionnellement et relationnelle ment) vers le mois de février 2010, juste un mois avant l'accouchement.

Nathalie n'était pas une inconnue. Un jour, après le drame du 31 janvier 2014, c'était le début de la deuxième semaine du mois de février 2014, alors que je me rendais à la chambre mortuaire à l'hôpital de la Timone accompagné par un ami pour avoir des informations sur son enterrement, il me disait : que c'était grâce à toi que Nathalie a survécu ces dernières années. Nathalie serait morte plus tôt si tu n'avais pas été à ses côtés. Parce qu'à Aix-en-Provence, on exerce une forte pression sur les « faibles ». Une technique pour les éliminer ou les éloigner de cette ville. Tu lui avais donné quelques années de plus. Nathalie, n'était pas seulement un personne, mais un grand sourire.» C'était une vision extraordinairement juste. Avais-je conscience de mon engagement et de ses effets? Il y a des actions effectuées dans une période et un lieu précis qui donnent des envies de continuer sans penser.

Une action en produit d'autres et ainsi de suite. Dans un commencement et recommencement sans fatigue, l'action rajeunit et accroît la mise en rapport avec ce qui est important. Dans son célèbre essai publié en 2010, Stéphane Hessel (1917-2013) n'avait jamais cessé de lancer cette flamme : « Ne sous estimez pas votre capacité à faire ce qu'il vous semble important ».

Le 21 mai 2016, j'ai tenu un stand du Collectif Vérité et Justice pour Nathalie au Vieux Port à Marseille dans le cadre d'un grand rassemblement citoyen de Nuit Debout, des photos en couleur de la victime étaient affichées et collées partout. Il y avait beaucoup de monde autour de moi qui me demandait des explications sur ces horreurs, des personnes simples de toutes catégories d'âge et de sexe, hommes et femmes et genres. J'étais submergé par cette chaleur humaine fraternelle. Deux jeunes femmes n'ont pas hésité à sauter sur moi sans pour autant comprendre leurs émotions : « M'hamed ! Ce sont des photos de Nathalie ! Elle est morte ! C'était notre amie, la meilleure amie à Montperrin ! Elle était très gentille et très généreuse avec nous ! M'hamed ! Tu ne le savais pas ! Elle a été maltraitée par le personnel du Pontier-est, elle a été mise plusieurs fois en isolement. Mon dieu ! Nous savions qu'elle allait subir les foudres de la direction. Nous étions avec elle dans le même couloir pendant plusieurs mois. Mais elle était bien parce qu'elle refusait l'humiliation et se battait contre les pressions et les violences du personnel. Nous aussi, nous avons subi ça. Attends ! Il faut qu'on parle ! Je vois que tu écris et tu te bats pour elle. Nous sommes prêtes à témoigner. Il faut pas laisser passer ça sans rien faire. Ils tuent à Montperrin. Nathalie était notre amie, elle lisait beaucoup et discutait avec nous. ». Je suis resté très attentif à leur récit authentique parce qu'il livre l'horreur la plus crue échappant à toute explication. Il faut vivre pour comprendre, disait Germaine Tillion (1907-2008).

Un attentat contre Nathalie mis au point le mois de février 2010


Je ne parle pas d'attentat au sens d'un acte immédiat et brutal mais d'un ensemble de procédures organisées portant sur la réalisation des étapes en vue d'un résultat souhaité. Des procédures constituent par leur agencement, un mode opératoire orienté vers un processus identifié dans son ses dimensions conventionnelles portant sur une identité contrôlée : Dale Nathalie. Ces procédures sont menées dans une synergie et dans un traitement parallèle entre des services annexes et connexes. Par leur localisation, elles sont identifiées par :

Une conscience humaine désactivée à Pontier-est dans une syntaxe sans sémantique.

Des activités intenses de l'ensemble des acteurs : Psychiatre, infirmières, service social pour boucler et sceller le destin de Nathalie.

Enquêter sur elle, sur sa famille, sa fratrie et surtout sur son lien avec M'hamed. Rien n'a été laissé au hasard. Des modes d'entretien avec lui à l'intérieur et à l'extérieur du centre synonymes d'espionnage.
Insistances directes et par téléphone pour présenter tous les documents personnels de la victime : État civil, avis d’impôts, diplômes, certificats des décès des parents, copie de divorce, copie passeport, documents de la banque (Banque postale), quittances loyer, contrat location, attestation Caf, etc.

Enlèvement de son enfant directement après l'accouchement 30 mars 2010. Un hold-up institutionnel.

Rapatriement à Montperrin deux jours après.

08 avril 2010. Mise sous curatelle


26 avril 2010
. Éjection de Montperrin sans argent, sans enfant, sans aucun accompagnement social et suivi médical et psychologique pendant plus de six mois.

19 octobre 2010 au 19 janvier 2011
. Internement psychiatrique avec un arrêté préfectoral fabriqué par des procédures fictives.

« Soins » externes imposés au CMP sous le contrôle et la pression de la même psychiatre avec des menaces et des chantages de ré-hospitalisation, gavée de l'Exomil, Imovane, Lepticur, Clopixol, Risperdal, sulfarlem jusqu'à sa destruction le 31 janvier 2014. Aucun résultat et aucun objectif. Les deux ne figuraient plus dans son suivi nourri d'un paradigme de clôture cognitive asséchée par des procédures déshumanisantes. 

Dans sa célèbre conférence (1985,1997 et 2000), Jean-Jacques Bonniol, c'était mon professeur et mon directeur de recherches doctorales à l'Université de Provence, avec qui j'ai appris ce que veut dire procédure et processus, évaluer et contrôler, résultat et objectif, j'ai retenu de lui cette belle définition de qu'est-ce que l'objectif ? « C'est de l'ordre du possible, de l'imaginaire, de l'intention, de la finalité, mais polarisé, concrétisé, centré. L'objectif implique un choix qui implique lui-même exclusion ou au moins hiérarchisation ».

Aucune prise en compte de son état de santé physique au-delà de l'arsenal neuroleptique


Des caries dentaires

Des complications dans le fonctionnement respiratoire

Des chutes de cheveux

Détérioration de la vue

Pas de lunettes de correction

Effets secondaires des neuroleptiques


Pendant tous les mois de son hospitalisation et après sa sortie le 19 janvier 2011 jusqu' à sa destruction, son menu médical tournait autour des neuroleptiques, médicaments antidépresseurs, anxiolytiques et des injections. Voir les ordonnances.
  • Marcher quelque pas était un exploit.
  • Monter quelques marches dans les escaliers de son immeuble, une quinzaine ne se faisait pas sans tomber.
  • Elle ne sentait plus ses jambes.
  • Parler quelques mots était une opération cognitive éprouvante.
  • Répondre aux appels téléphoniques émis par M'hamed était une situation cognitive stressante et pesante par peur de savoir si Montperrin ou la préfecture.
  • Boire un verre d'eau ou prendre un café provoquait de l'étouffement.
  • La bouche toujours sèche. Pas de salive.
  • Manger était un moment de plaisir quand je lui faisais des repas qui correspondaient à son goût :
  • Impossible de prendre un morceau de pain normal par peur d'étouffement. J'ai toujours aimé sa façon de manger et de se mettre à table. Un art dans la manière de s'y prendre que j'ai appris avec elle.
  • Des chutes dans les escaliers, dans la salle de toilette, dans la salle de bain et dans la cuisine.
  • Incapacité dans l’appréhension des objet avec sa main. Une tasse du café ou un verre d'eau glisse de ses doigts sans qu'elle aie des sensations. « M'hamed ! Excuse moi ! J'ai rien senti entre mes doigts. Je sens pas mes mains ».
Dans la plupart des situations difficiles, je découpais son plat en petit morceaux et je les mettais directement dans sa bouche. Le pire c'est quand elle n'arrivait pas à les avaler, mais le processus fonctionnait à bon escient quand elle commençait à me regarder avec un grand sourire. Je disais, ça y est ! Elle revient doucement. Elle revient à la vie.

C'était tout le temps comme ça surtout au début de 2013 jusqu'à sa mort le 31 janvier 2014.
Des douleurs cardiaques jour et nuit. Elle mettait souvent ses deux paumes sur le côté gauche de sa poitrine. Elle me disait « : « M'hamed ! J'ai mal au cœur. Aide-moi s'il te plaît à me lever pour aller vomir. Les médicaments me font mal, je dois m'arrêter à les prendre. Aide-moi à trouver une clinique pour me soigner ! Je ne comprends pas pourquoi la mandataire a résilié ma mutuelle ! J'en ai besoin pour me soigner ».

Et pourtant, elle ne ne prenait pas d'alcool et non plus de boissons gazeuses. Elle fumait seulement du tabac. La psychiatre le savait très bien, je lui avais communiqué ces informations lors d'un entretien avec elle dans son bureau à l'hôpital de Montperrin. Je me rappelle fortement quand elle avait pris son stylo pour les marquer dans son dossier. Je pourrai citer la date, le jour, l'heure et l'année. C'était à la fin de la matinée, j'étais dans son bureau avec Nathalie. Elle la regardait avec des yeux sortis de leurs orbites et un front crispé comme un prédateur dans la savane d'Afrique en posture d'attaque. C'était effrayant. Et pourtant, elle est une femme avant d'être une psychiatre, sensée être empathique et humaine. Ce qui n'était pas le cas. Nathalie était bien habillée, propre et élégante. Elle répondait normalement à toutes les questions dans une fluidité langagière sans avoir peur d'elle malgré son air menaçant, pas un petit sourire, seulement des pressions sur ses lèvres et un stylo type bic qui le faisait tourner entre ses doigts comme un enfant qui joue avec. C'était la psychiatre. Elle était totalement engluée dans son paradigme et l'énigme des éléments de ses fameux diagnostics. Après cet entretien, j'ai demandé la sortie de Nathalie par ce qu'elle voulait venir chez moi. Ma requête a été immédiatement acceptée. En sortant, je me sentais que cette créature allait sûrement amplifier le processus de déshumanisation, mais je ne voulais pas être obsédé par cette hypothèse.

Malheureusement, le temps et les événements qui suivaient m'avaient donné raison. Je suis triste de le dire et de le vivre.

La liste descriptive des effets secondaires de ces traitements serait longue et non exhaustive. Je compte la mettre à jour sans trahir l'authenticité des notes prises pendant plusieurs années. Ma bêtise est là ! Mon ignorance sans commune mesure sur la nature et la toxicité de cette panoplie des médicaments et neuroleptiques. Je n'avais aucune connaissance et aucune information fiable sur ce poison qui agit sur l'organisme surtout sur le fonctionnement cognitif dans une irréversibilité fatale.

J'avoue que j'étais vraiment un imbécile de taille. Je ne demande pas d' excuses, elles ne serviraient à rien. Je vous demande de me comprendre que je ne suis pas médicamenteux parce que je ne suis pas d'ici. Je suis du Maroc, de la montagne, du Rif. Les médicaments étaient mon dernier souci même quand je tombais malade, ce qui était rare. J'ai passé plus de vingt ans en France sans avoir vu un médecin ou appris un traitement. Le monde médical institutionnel ne faisait pas partie de mon vécu.

Je ne comprends pas comment et pourquoi ils ont forcé une citoyenne innocente à prendre un traitement dangereux sans aucune surveillance de près ?

Je m'interroge sur ce qui se cache derrière ces contraintes institutionnelles ?

N'y a-t-il pas une volonté masquée de tuer et d'éliminer au nom de leur loi des personnes faibles et vulnérables pour donner l'exemple de son applicabilité ?

N'est-il pas étrange de voir ces pratiques de plus en plus répandues dans un silence violent ?

Comment peut-on expliquer le maintien de cette burka cognitive sur ce fait monstrueux à Aix-en-Provence ?


La France, n'a-t-elle pas honte des crimes commis contre ses enfants au nom des « soins » et de « protection », coupables d'être en souffrance et d'avoir cru à leur État de droit ?

Je pense que Nathalie avait le droit d'être en situation de faiblesse psychologique sans que le personnel, psychiatre et curatrices comprises viennent créer des souffrances de plus jusqu'à la suppression de son espoir et son droit à la vie le 31 janvier 2014. Elle n'avait jamais pu voir son enfant malgré plusieurs démarches effectuées et menées auprès de l'ensemble des services concernés.

Son avocate n'avait rien fait à part d'avoir encaissé l'argent. Un vrai hold-up institutionnel d'une famille, une petite famille. Et pourtant, le lien avec son enfant a été toujours maintenu par des courriers et des colis via une soi-disant psychologue de la Maison Départementale de Solidarité, une sorte d'annexe du Conseil Général. Il y a tant de choses à dire sur cette imposteure appuyée par une soi-disant éducatrice « spécialisée ».

Un scénario de bas niveau d'un film policier


Les romans policiers débutent toujours par un détail banal à la portée de la perception de tout le monde sans pour autant faire l'objet de perception parce que le banal est inintéressant. Je ne sais pas si la vie est faite de banal et de détails pour que les gens, le tout le monde et le commun des mortels oublient et se rappellent en même temps pour regretter des actes manqués, et prendre conscience de ce qu'ils ont fait et n'auraient pas fait. Chacun fait ses propres évaluations pour situer et se situer mais personne ne pourrait s'assurer de ses pas lancés dans un tunnel même s'il est éclairé.

Comment pouvais-je faire face à des intenses sollicitations et approches de l'ensemble du personnel du Pontier-est formulées en des questions banales ? La neutralité des psychiatres n'existe pas, leur diagnostic et leur paradigme ne peuvent que favoriser l'angoisse persécutive. Utiliser le délire, le déni, la schizophrénie et autres attributions à des fins destructrices somatiques et psychologiques est devenu un art rémunéré par l'institution pour un seul but : Défendre et sauver l'ordre même injuste par des formes de violence sur les faibles. Le patient est d'abord une identité avant qu'il soit réduit violemment aux éléments d'un paradigme psychiatrique obsolète. « Pour être confirmée dans mon identité, je dépends entièrement des autres ». Hannah Arendt (1906-1975).

Le patient n'est pas un « attardé mental », mais une personne qui a son intelligence et son savoir-faire mobilisés dans l'organisation de sa vie. « L'intelligence organise le monde en s'organisant elle-même ». Jean Piaget (1937). Il y a quelque chose dans cette fabrique psychiatrique de Montperrin et ailleurs qui relève de l'imposture et du non sens au sens défini par Roland Gori (2013) : « L'imposteur est aujourd'hui dans nos sociétés comme un poisson dans l'eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation plutôt qu'au travail et à la probité, préférer l'audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l'opportunisme de l'opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, pratiquer l'art de l'illusion plutôt que s'émanciper par la pensée critique, s'abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l'amour et à la création.». 

La psychiatre de Montperrin, du secteur Pontier-est, avait l'art d'être ignoble, cynique et affreuse. Cette découverte passée à côté de mes observations indirectes de son comportement et ses attitudes néfastes un mois avant l'accouchement de Nathalie le 30 mars 2010 sans échapper à mon radar cognitif. C'était précisément lors du mois de février 2010, quand la pression psychologique et sociale individuelle et collective, commence à être manifeste sur la victime, que mes interrogations sur ce qui se dessine commencèrent à tomber en cascades. Un processus de déshumanisation et de rejet d'une citoyenne agonisant dans une chambre du Pontier-est au rez-de-chaussé du côté droit, sale et non seulement sale mais aussi sombre et humide. Une chambre avec des vêtements empilés et jetés dans la salle de toilette, des odeurs envahissantes d'un cadavre vivant. M'hamed passe tous les jours, tous les soirs pour mettre quelques grains d'humanité dans l'espoir de bloquer ce processus au moins le retarder. Il réussit à fur à mesure qu'il agit sans se poser des questions in situ. Il prend chaque jour les vêtements sales pour les laver et ramène les propres, les siens et les miens parce que nous portions les mêmes tailles à part les chaussures. 

Les autres, les infirmières, les semi-infirmières et les soignantes, les aide-soignantes ou aide-maltraitantes et les stagiaires me disaient : « Oh Mohamed ! Merci ! Vous êtes gentils. Vous nous aidez bien. » 

Je leur répondais : « Non ! Moi j'aide Nathalie. Elle est négligée et mise à l'écart. Je ne comprend pas ce qui se passe ici. » 

Elles me répondaient souvent : « On ne peut rien faire. Elle est malade. En plus, nous sommes en effectif réduit. Trop de travail pour nous ».

Je ne disais rien, je faisais ce que je constatais utile et important pour Nathalie.

Dans une hilarité sûrement apprise dans la formation psychiatrisante, ces infirmières du dernier cri appellent tous les résidents du secteur des personnes schizophrènes et dangereuses alors que ce sont elles qui sont à l'origine de l'aggravation de leur état de santé par des mécanismes de menace d'isolement, voire de violence physique soutenues par leur hiérarchie. La violence de l'institution est là est sans commentaire. Dans son célèbre ouvrage, Stanislas Tomkiewicz cite le cas de cette forme du mépris des patients à l'hôpital sinistre de Salpêtrière : « Je me souviens ainsi d'un schizophrène, un garçon de dix-sept ans qui, pour faire la fête du service, avait proposé le portrait suivant du patron : « Ce qui caractérise le professeur Michaux, c'est qu'il a peur des malades. » C'était une vison extraordinairement juste. J'ai compris qu'on appelle fréquemment schizophrènes les patients qui énoncent les vérités qui ne sont pas bonnes à dire». L'adolescence volée. 1999, pp.83-84. Ed., CALMANN LEVY.

Il n'y a pas de différence entre cette époque décrite par l'auteur et ce qui se passe réellement et actuellement dans les hôpitaux psychiatriques. Voir le rapport de la Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté (CGLPL), Madame Adeline Hazan sur les dérives des hôpitaux psychiatriques, publié le 25 mai 2016. Voir ici surtout page numéro six dans l'encadré : « Ces restitutions ne rendent pas compte de l’écart entre la perception du patient, en principe en crise lorsqu’il subit la contrainte, et le comportement réel des soignants. Mais il importe de prendre en compte la manière dont le patient perçoit l’humiliation, au-delà de la réalité objective de la situation. »
https://psychiatrie.crpa.asso.fr/IMG/pdf/2016-05-25-cglpl-dossier-de-presse-rapport-isolement-et-contention.pdf

Je ne peux pas vous dire que je ne suis pas convaincu par la thèse d'un processus de destruction de Nathalie, et par celle d'une collusion des services concernés. Il y a trop d'éléments traités et autres en cours qui font froid dans le dos. Ce que je refuse de façon catégorique de garder en privée alors que mes souvenirs et ma sensibilité sont toujours intactes et frais et plus frais, c'est ma conviction, preuves à l'appui, que cette psychiatre n'avait jamais fait preuve d'une mansuétude à l'égard de Nathalie. Elle la traitait en tant qu'ennemie du 01 janvier 2010 jusqu'à sa destruction totale le 31 janvier 2014. Face à un tel événement tragique, elle n'avait même pas osé appeler ou vouloir connaître la suite. Il n'y a aucun doute qu'elle savait tout et connaissait tous les détails de l'enchaînement dramatique des situations parce qu'elle était une actrice centrale dans ce processus de construction syntaxique sans sémantique (maltraitance psychiatrique – Hospitalisation d'office – Mise sous curatelle). Voir son diagnostic bidon du mois d'août 2010 qui a ouvert la voie royale à son internement d'office le 19 octobre 2010.

Cependant, il est vrai aussi que mes indignations écrites et non écrites, exprimées manifestement sur le fonctionnement de cette psychiatre depuis 30 mars 2010, et mes doléances du 22 septembre 2010 exprimées par écrit au directeur du pôle patient n'ont pas été pour rien dans l'agressivité grandissante de cette psychiatre psychiatrisante, entraînant avec elle la plupart de ses collaborateurs-ices. Elle a utilisé toutes les manigances pour extraire Nathalie de ma vigilance, voire de ma présence. 

Lors de chaque rendez-vous au CMP après avoir purgé son internement le 19 janvier 2011, la question centrale tournait autour du lien entre nous : « M'hamed est toujours avec toi ! Tu dois te débarrasser de lui. Pourquoi tu es avec lui ? ». 

Nathalie lui répondait : « Vous savez docteur que je n'ai personne autre. Il m'aide dans toutes les démarches et il me soutient. Il me paie le loyer, me fait les courses, me fait sortir pour marcher et se promener. Il me protège contre l'agressivité des voisins. Vous savez que la mandataire ne me donne pas mon argent correctement. C'est lui seul qui comprend ma situation. En plus, il me communique des articles et des publications importantes pour lire et être à jour. Il m'aide à trouver un autre appartement pour être en sécurité. ». 

L'autre lui disait : « Vire- le ! Je te trouverais un studio au centre ville. Non docteur, je n'aime pas centre ville. Je dois quitter Aix-en-Provence parce qu'ils m'ont fait mal dans cette ville. Je dois tout oublier. ».  

Elle avait raison d'avoir pris conscience et voulu agir elle-même pour la quitter.

Je ne m’appesantirais pas davantage sur la description de ces conduites dans des RDV violents au contenu déplacé, il me paraît plus utile d'en explorer les causes. Pour connaître et comprendre ce fonctionnement anti-thérapeutique institutionnel, j'ai commencé à me documenter sérieusement sur cette problématique de maltraitance psychiatrique dans différentes dimensions historique et institutionnelle en lien avec la tutelle et curatelle après avoir relevé la tête du choc de sa mort le 31 janvier 2014. Passer à des niveaux d'analyse à tête relativement reposée de la manière dont les acteurs institutionnels ont agi dans des logiques mortifères ne va pas soi. J'ai découvert des horreurs soutenues et entretenues à l'échelle de l'hexagone. Des milliers de personnes pulvérisées par la psychiatrie, nonobstant, des souffrances infligées aux familles et aux proches. J'ai découvert des personnes et des collectifs et des survivants de la psychiatrie qui se battaient depuis de longues années contre la maltraitance psychiatrique. 
Voir le lien ici :
https://absoluteprohibition.wordpress.com/2016/03/18/mhamed-el-yagoubi-campagne-pour-soutenir-labolition-totale-des-soins-et-de-lhospitalisation-sans-consentement-en-application-de-la-cdph-de-lonu/

Je n'arrivais pas à le croire et pourtant c'est la réalité la plus crue. J'ai rencontré directement des personnes que je ne connaissais pas, animées par une colère contre ces faits sociologiques et institutionnels, mais être en colère n'est pas une solution en soi. « Dénoncer ne suffit pas, il faut aussi énoncer une perspective ». 

Il m'a fallu une plongée en apnée pour comprendre le fonctionnement de l'hôpital psychiatrique de Montperrin. Je n'avais aucun élément de connaissance sur ce que veut dire psychiatrie. De surcroît, je n'avais aucune représentation négative sur le fonctionnement du secteur de la santé en France. Ma naïveté et ma confiance dans le soin et l'hospitalisation institutionnelle ont été de trop. J'étais trop naïf et trop stupide par rapport aux acteurs institutionnels parce que je pensais qu'ils étaient mandatés et payés pour servir à bon escient les citoyens, les usagers surtout celles et ceux qui sont en détresse et qui ne demandent que leur droit. Je me suis trompé parce que j'ai cru que je suis dans un pays des Droits de l'Homme et non dans un pays de prédateurs. Je ne le regrette pas et jamais parce que je ne pourrai pas faire abstraction de l'histoire de ce pays et des sacrifices sans commune mesure des citoyens dans des luttes historiques pour afficher et défendre le triptyque : Liberté – Égalité – Fraternité. Malheureusement, il est presque disparu ou archivé dans l'oubli volontaire.

Une conscience humaine désactivée à Montperrin secteur Pontier-est


Comment fonctionnent les mécanismes de la production de la maltraitance à Montperrin en collusion avec le système de tutelle et curatelle et les services sociaux et préfectoraux (ARS) ? Système perverti bien décrit par Frank Hagenbucher (2010) dans son livre, Lettre ouverte à un tu(t)eur professionnel, L'Harmattan, et par Valérie Labrousse (20104) comme une entreprise mafieuse, dans son célèbre ouvrage : LES DEPOSSEDES. Enquête sur la mafia des tutelles, édition Du Moment.

Comment expliquer le silence et la passivité des acteurs institutionnels, puis leur hostilité ouverte pour tenter d’invalider (par tous les moyens) les démarches, rapports et autres signaux d'alerte adressés à tout niveau de responsabilité par le compagnon de Nathalie, M'hamed EL Yagoubi, à mesure de l’aggravation continue et visible de son état ? Ils seront mises en ligne dans les prochaines publications. Je les ais déjà communiqués dans les deux plaintes du 12 novembre 2014 et lors de l'audition auprès des services de la police judiciaire au Commissariat d'Aix-en-Provence le 15 juin 2015. Je ne ferai aucune illusion sur la suite à donner. « La justice est une gigantesque toile d'araignée qui attrape la petite mouche et laisse passer guêpes et frelons ». Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Cette citation colle parfaitement à Aix-en-Provence jusqu'à la preuve du contraire. Et pourtant, la ville est largement dominée par des bâtiments de justice et des cabinets des avocats. Il y a aussi la faculté de droit et de science politique. Aix-Marseille-Université (AMU). Une vraie justice sera réelle et aura le jour quand les citoyen-ne-s auront le courage de dire que : « Nous sommes tous concernés et plus jamais ça ! ». Je crois à cet élan qui viendra un jour.

Pourquoi un silence violent est maintenu en amont et en aval des institutions y compris la justice et les médias conventionnelles ?

Des questions qui énervent et dérangent. Elles valent mieux que les solutions attendues parce que comme le disait Albert Einstein : « On ne peut pas résoudre un problème avec les modes de pensée qui l'on engendré ». Et pourtant, elles sont légitimes. Ils parlent et organisent des journées, des semaines, des colloques et des congrès sur ce qu'ils appellent « informations sur la santé mentale » alors qu'ils font tout pour la détruire. « Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît ». Michel Audiard (1920-1985).

Les flammes de la maltraitance psychiatrique et de l'abus de la curatelle ont durablement sculpté le paysage psychologique et physique de la victime
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En ce sens, il ne s'agit plus d'un simple fait divers d'une histoire qui n'a de valeur que pour elle-même. C'est un véritable fait sociologique dans toutes ses dimensions qui fait froid dans le dos. Pour le dire, je reprends ce morceau de l'intervention de Pierre Bourdieu sur France culture le 01 février 1988 : « La vérité sociologique a une telle violence qu'elle fait fait souffrir » .

Ce qui m'a vraiment décidé à prendre ce taureau par les deux cornes, la psychiatrie et la tutelle, et à dénoncer la violence du système psychiatrique vis-à-vis des patients, c'est la façon dont les médias et le politique ont mis en avant : La violence des patients démagogisée de façon flagrante dans le discours de l'autre le 02 décembre 2008. Je ne vais pas m'appesantir sur le fondement culturel de l'acceptation par les Français, dans leur majorité de l'idée reçue sur les psychiatrisés. Une vraie et réelle exclusion systématique du différent et du malade parce qu'il les renvoie à leur faiblesse et leur passé tragique sans qu'il soit ainsi.

Pour la dignité de Nathalie, j'ai décidé d'ouvrir un chapitre dans ce qui reste de ma vie pour interpeller les consciences vives dans ce pays que Nathalie a été broyée dans un magma de mesures institutionnelles, coupable d'être innocente, dangereuse d'être elle-même, et non ce que disent les représentants de l'horreur psychiatrique. Ce chapitre aura une forme d'un ouvrage pour les innocents qui ont les mains pleines de mauvais journaux et des yeux pollués de l'écran dans lequel on demande aux insensibles de sortir de leur silence violent sur des crimes commis en leur nom.

Dale Nathalie : C'est toute une vie brûlée par une psychiatrie de référence manquante : Le sens. Elle n'est qu'un élément de l'échantillon de la maltraitance psychiatrique pratiquée à Montperrin, peut-être enseignée. L'idée que ces pratiques rapportent gros n'est pas sans fondement.

Morte dans l'indifférence quasi-totale des institutionnels et du monde d'Aix-en-Provence comme si elle habitait sur une planète inconnue. L'expérience de vie m'a appris que ce n'est pas la distance qui sépare les gens mais c'est le silence. Sa violence est cruelle quand elle est volontaire et institutionnelle.

J'ai l'impression que suis en train de témoigner d'une histoire qui me dépasse. Heureusement, je crois à l'idée que ce sont les humains qui le font par défaut ou par excès dans leur élan et dans leurs mots. « Les mots juste, trouvés au bon moment, sont de l'action ». Hannah Arendt

Je termine par ce beau poème de Mahmoud Darwich :

« Sur cette terre, il y a ce qui vaille qu'on vive »

Toutes mes excuses pour les lecteurs sur des fautes d'ordre orthographique et des irrégularités syntaxiques qui pourraient être constatées ou identifiées. C'était trop fort pour moi d'écrire sur ce drame alors que mes souvenirs n'ont pris aucun ride. Je remercie un ami, un vrai ami qui m'a aidé dans la régulation de ce texte dans lequel j'ai essayé d'être moi-même et aussi Nathalie.

Toute ma pensée pour elle et pour toutes les victimes de la maltraitance psychiatrique et de l'abus de la tutelle et curatelle.

Collectif Vérité et justice pour Nathalie
www.cvjn.over-blog.com
Mille Babords
61 rue Consolat
13001 Marseille
Tel : 04 91 50 76 04 / 06 30 38 16 84

M'hamed EL Yagoubi
Compagnon de Nathalie
15 août 2016