Par SARAH KNUTSON, 28 février 2016, second article pour la campagne prohibition absolue.
Article paru originellement en anglais sur le blog Mad in America.
Pour créer sa théorie de la relativité, Einstein a du voir les choses différemment. Il a du considérer l'univers non pas comme un objet proportionné à des mammifères, mais du point de vue d'une particule subatomique. Essentiellement, il a utilisé l'imagination et l'empathie pour connaître une nouvelle "réalité" de l'existence.
Cet essai est le deuxième de la série. Nous avons précédemment exposé une justification pour un système de santé mentale 100% volontaire (lire à ce sujet ici). Maintenant, nous examinons plus en profondeur la nature des expériences humaines qui suscitent l'intérêt public. Nous approfondissons la perspective de cette expérience et nous découvrons tout un nouveau domaine.
Trois façons de voir l'expérience humaine
Pour comprendre où nous allons, regardons d'abord où nous en sommes. Voici quelques modèles concurrents pour aborder les expériences humaines qui sont cause, socialement, de détresse ou d'anxiété.
1. Le modèle DSM des "troubles mentaux"
Le modèle DSM est basé sur le "Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux" publié par "The American Psychiatric Association". Pour une part qui n'est pas petite, le DSM a été le produit des petites guerres d'initiés, des compromis politiques, des besoins de l'industrie et des soucis de facturation. (1) Il est supposé non-théorique, mais sans aucun doute, le DSM considère certains aspects de l'expérience humaine comme des anomalies ou des troubles. Peut-être s'agit-il seulement d'un assentiment complice aux aspects pratiques du remboursement des soins de santé. Cependant, le processus consistant à distinguer le véritable anormal (que l'assurance doit rembourser) des effets courants d'une vie stressante (c'est vous qui payez) a laissé l'impression que quelque chose laissait à désirer.
Les grilles constituées des symptômes à remplir, cochées de façon mécanique, déterminent si votre anxiété, votre humeur, votre chagrin, votre traumatisme, votre habitude de consommation de substances sont "normaux" ou "pathologiques". Au minimum, c'est une bien crasseuse façon de connaître un autre être humain tel qu'il est au cours du pire jour de sa vie. Les expériences douloureuses, comme le licenciement, se retrouver sans-abri ou se faire violer dans des refuges de précarité, sont systématiquement ignorées ou négligées. C'est comme si l'enseignant vous déclarait "pathologiquement inapte à apprendre" sans vous demander si vous avez étudié.
La fiabilité et la validité se sont révélées tout aussi problématiques. Les diagnostics individuels ont tendance à varier, tout comme les prédictions de violence et du suicide. Étant donné qu'un seul jugement négatif peut changer le cours de toute une vie, des inquiétudes comme celles-ci ont amené la lanceuse d'alerte Paula Caplan, Ph.D., à écrire au Washington Post en 2012: "La Bible de la psychiatrie, la DSM, fait plus de mal que de bien". Un an plus tard, le "National Institute of Mental Health" américain, (pensez science, recherche et validation par des preuves), s'est distingué en recherchant une approche mieux validée (déclaration complète ici).
2. Le modèle médical de la "maladie mentale"
Contrairement au DSM, le modèle médical a une vision claire comme le cristal. La "maladie mentale" est une véritable maladie. Elle est causée par des anomalies génétiques, biochimiques ou physiologiques préexistantes. Les personnes touchées sont susceptibles de ne pas tenir compte de leur bien-être personnel ou de celui d'autrui. Un traitement agressif (médicaments, TCC pour thérapies cognitivo-comportementales) est nécessaire pour corriger ou atténuer ces imperfections.
Malgré toute sa consistance théorique, le modèle médical n'a pas réalisé une performance tellement meilleure que le DSM. Le traitement de la "maladie mentale" soustrait, au point d'en hurler, 15-25 années (en moyenne!) à l'espérance de vie. Les "déséquilibres chimiques du cerveau" et les bio-marqueurs dont on nous a promis l'existence ne se sont pas encore concrétisés dans la recherche. Les taux d'invalidité ont grimpé en pente raide. Les résultats à long terme et les taux de rechute ont empiré dans l'ensemble.(2) Beaucoup soupçonnent que les médicaments prescrits augmentent la violence et le suicide.
3. Le modèle de justice sociale et des besoins humains fondamentaux
Ce modèle vient en partie des leçons de la Seconde Guerre mondiale, de l'Holocauste, d'Hiroshima et Nagasaki. Au lendemain de ces atrocités, les nations du monde étaient disposées à faire l'effort de comprendre certaines choses. Elles avaient besoin d'un modèle pour ceux qui, de tous les côtés, souhaitaient aller de l'avant. Elles voulaient mettre en place les conditions afin que "plus jamais" cela ne se reproduise. Leur solution était la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 (DUDH).
La DUDH repose sur une idée simple. Malgré toutes nos différences, les êtres humains ont beaucoup en commun. Nous avons tous besoin de certaines choses pour vivre et pour nous sentir bien:
Une nourriture suffisante, un abri habitable
La sécurité de la personne et des biens
La dignité, le respect, être traité équitablement
Une participation significative et que sa voix compte
Le soutien aux familles pour rester ensemble et gagner leur vie
Des occasions de se développer dans les principaux domaines de la vie
La liberté de donner un sens à nos expériences à notre façon
Selon la DUDH, l'avancement des droits de l'homme est une obligation universelle, qu'on ne peut pas déléguer. Chacun, et en tout lieu, est responsable d'en assumer sa part. Les peuples du monde ont compris que les exigences fondamentales de la dignité humaine doivent être accessibles à tous. Sans un tel accès, ni les individus ni la famille humaine dans son ensemble n'iront bien.
La théorie du conflit humain en découle. Dans le cadre de la DUDH, les conflits surviennent lorsque les besoins humains sont en concurrence. Ils s'intensifient avec le temps si seulement certains d'entre nous ont accès à ce dont nous avons tous besoin.
Le fait d'enfermer préventivement quelqu'un ou de droguer des personnes contre leur volonté est un conflit humain considérable. Pour aborder de manière significative ces questions, le modèle de justice sociale nous conseille de prendre du recul. Ceux que nous craignons (les malades, ceux qui ne s'inscrivent pas dans l'ordre social, ceux qui sont jugés peu fiables) peuvent être des messagers, et non pas des fous. Au lieu de privilégier notre perspective, que se passe-t-il si nous essayons de voir le monde au travers des yeux de l'autre:
Est-il possible que leur expérience ne soit pas aussi insensée qu'il le parait?
Est-il possible qu'ils expriment un passé de souffrances sociales, et devons-nous pencher arbitrairement vers des choix qui infligeront de nouvelles souffrances?
Avant de balayer immédiatement cette perspective, considérez ce qui suit:
Si les nations du monde ont pu adopter ces attitudes après les désastres d'Hitler, des camps de concentration, des pilotes kamikazes suicidaires et des bombes atomiques que l'on a fait exploser, alors pourquoi ne le feraient-elles pas pour des préoccupations modernes en matière de sécurité publique?
Soutien au modèle de justice sociale
Il y a près de 70 ans, les Nations Unies ont prédit ce qui suit (extrait du Préambule à la DUDH):
« Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme.
Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression.
... »
Maintenant, considérez ceci:
1. Recherche sur les impacts de la santé publique et comportementale
On estime que quatre-vingt-dix (90 p. 100) de ceux qui sont dans le système public de santé mentale sont des "survivants de traumatismes". Nous avons grandi sans un accès fiable aux mêmes besoins fondamentaux que les Nations Unies ont reconnu comme essentiels il y a plus de six décennies.
Il en va de même pour les autres groupes dits "à problémes" dans notre société. Oui, quatre-vingt-dix (90!) pour cent ou plus d'entre nous qui sommes dans la consommation de drogues, dans la justice pénale ou des sans-abris sont également des "survivants de traumatismes".
Il ne s'agit pas seulement des besoins individuels, mais aussi des besoins familiaux et des besoins de communautés entières. Ces questions nous touchent tous sur l'étendue de la démographie.
Vous ne le croyez pas? Consultez ce qui suit:
- La NASMHPD américaine, Association nationale des directeurs des programmes de santé mentale de l'État, publie: les conséquences dommageables de la violence et des traumatismes: faits, points de discussion et recommandations pour le système de santé comportementale (2004). Rapport complet ici.
- Conseil national pour la santé comportementale (Breaking the Silence: Trauma-informed Behavioral Healthcare (2011). Publication complète ici .
- Nadine Harris, MD, Comment le traumatisme de l'enfance affecte la santé tout au long de la vie (TED Talk ici .)
- Administration de la toxicomanie et de la santé mentale, Concept de traumatisme de la SAMHSA et Guide pour une approche informelle du traumatisme, SAMHSA (2014). Proposition complète ici .
- L'école de la vie, la sagesse de la folie (18/01/2016). Vidéo complète ici.
Pourtant, malgré toute la fanfare clamant la nécessité de davantage de "soins attentifs aux traumatismes", il y a eu peu de réponse du système qui soit orientée vers les besoins humains fondamentaux. Tout aussi dérangeant, l'implication du système de santé comportementale est devenue une source de dommage indépendante, pour beaucoup, et qui exacerbe les souffrances.
Les résultats parlent d'eux-mêmes.
2. Un formidable pouvoir explicatif
En plus des données sur la santé publique, le modèle de justice sociale possède un formidable pouvoir explicatif. Il offre un moyen direct de donner un sens à l'expérience (cet essai), ainsi que des méthodes de principe pour répondre (essai futur) qui pourraient facilement être confirmées - ou infirmées - par la recherche (essai futur).
Le paradigme de base est le suivant:
- Les ressources sont apparemment peu nombreuses
- Les personnes ont des besoins fondamentaux
- Ils voient une menace ou une opportunité
- Cela déclenche une réponse dite d'enjeux élévés (dite aussi réponse de survie)
- Des effets physiques, mentaux et sociaux prévisibles se produisent.
La théorie ci-dessus s'appuie sur un travail qui a déjà été fait. Dans le domaine du traumatisme, la réponse à la survie humaine (combat, fuite, inhibition) et ses effets sont largement connus. Lire, par exemple, "The Body Keeps Score" de Bessel van der Kolk. comme il s'avère, vous pouvez modifier la même théorie pour donner un sens à une grande variété d'expériences humaines qui concernent l'intérêt public.
3. Expliquer la réponse "normale" lorsque les enjeux sont élevés
Pour nos besoins, il existe deux modes d'influence du système nerveux dit autonome:
(1) Le mode "Tout-va-bien" pour les routines quotidiennes. Cela couvre des choses comme manger, dormir, se détendre, sortir, avoir des relations sexuelles, des conversations, des loisirs, bricoler ... (cela correspond à l'influence dite parasympathique).
et
(2) Le mode "Enjeux-élevés" pour répondre lorsque les enjeux sont élevés. C'est la réaction "bouge tes fesses" qui prend le relais lorsque quelque chose semble d'importance majeure. (cela correspond à l'influence dite sympathique / c'est la "réponse de survie" / ou le système combat-fuite-inhibition)
Les réponse d'enjeux élevés peuvent être impliquées dans toutes sortes de choses. Cela inclut les menaces et les opportunités. Le facteur critique est que, du point de vue de la personne, les enjeux soient élevés. Par exemple, voici quelques situations qui peuvent déclencher la réponse à enjeux élevés pour moi:
- Découvrir de nouvelles possibilités, de nouveaux potins, vingt dollars ou mon chat sur la route
- Passer des tests, des examens, le meilleur beignet sucré ou l'avantage que possède quelqu'un d'autre
- Marquer un point, signer un contrat, réussir une négociation, emporter une victoire ou atteindre un sommet
- Se faire payer, faire l'amour, se faire engueuler, se trouver déchiré, se faire exclure, se faire agresser ou se faire arrêter par la police
- Aller aux premiers rendez-vous, vivre des aventures, passer des entretiens d'embauche ou s'éclater personnellement
- Réussir au travail, dans les sports, au collège, lors d'audiences publiques ou d'examens psychiatriques
- Résister à la tentation, à la pression collective, une arrestation, une détention ou bien l'avis du médecin
C'est pour dire que la définition des "enjeux élevés" est une question personnelle. Cela dépend de ce que vous avez vécu ou connu. Ainsi, les "enjeux élevés" d'une personne pourraient même ne pas s'inscrire sur le radar d'une autre.
4. Expliquer des réponses intenses ou extrêmes
Afin de découvrir la relativité, Einstein devait prendre la perspective des atomes. Afin de réaliser la valeur des réponses d'enjeux élevés, nous devons faire l'expérience de ce qui se passe du point de vue des enjeux élevés.
Lorsque les enjeux semblent élevés, les êtres humains sont câblés pour répondre de trois façons: le combat, la fuite ou l'inhibition.
- Le mode "combat ou lutte" répond aux menaces et aux opportunités. Il les gère ou bien les vainc.
- Le mode "fuite" évite les menaces et les opportunités. Il s'enfuit et court, se cache aussi vite que possible.
- Le mode "inhibition" permet de se cacher en plein jour. Cela revient à ne montrer aucune réaction apparente (et ainsi de disparaître quasiment), en ne donnant à autrui rien de spécial à remarquer ou à chasser.
Malgré leurs noms clairs, le combat, la fuite et l'inhibition ne sont pas des formes figées d'expression. Ce sont des orientations de choix qui peuvent se produire dans de nombreuses dimensions de la vie. Cela permet aux points-forts de la personne, aux expériences acquises et aux comportements habituels (qu'on a expérimentés et validés), d'être optimisés au service de la survie. Voici différentes façons par lequels j'ai exprimé le système combat/fuite/inhibition lorsque les enjeux m'ont semblé élevés:
Dimensions du système combat/fuite/inhibition
Dimension physique
- Combat: frapper, hurler, jurer, dire à quelqu'un de "sortir", briser des objets
- Fuite: sortir de la pièce, ne pas se montrer, s'enfuir, couper, essayer de me tuer
- inhibition: ne rien faire, se cacher dans son lit
Dimension émotionnelle
- Combat: rage, haine, envie, besoin intense
- Fuite: éviter, plier, redouter, se sédater en mangeant, consommer des substances, le sexe, les dépenses, les ordinateurs, les jeux
- inhibition: visage impénétrable (poker face), s'engourdir
Dimension sociale
- Combat: attaquer verbalement, ridiculiser, blâmer les autres, se plaindre, sauver autrui
- Fuite: obéir, mendier, flatter, s'excuser, revenir en arrière, s'accuser soi-même, nourrir un intérêt romantique compensatoire
- Inhibition: ne rien dire, faire semblant en playback, suivre le mouvement, se retirer
Dimension intellectuelle
- Combat: discuter, planifier, comploter, nourrir une obsession, être plus malin
- Fuite: distraire, imaginer
- Inhibition: oublier, ne pas penser, faire le vide
Dimension spirituelle / existentielle
- Surtout combat: prier, chercher des visions, rechercher des signes, explorer l'énergie, devenir une divinité
- Surtout fuite: négocier avec Dieu, essayer d'être une bonne personne, souhaiter être mort
- Inhibition: perdre son temps / fermer ses perceptions / perdre conscience
(Remarque: selon le contexte et l'intention sous-jacente, la même réponse peut correspondre à plusieurs catégories).
La grande variabilité des réponses à enjeux élevés est un atout formidable pour notre espèce. Il garantit que les gens répondront de nombreuses façons, riches et créatives. Quand une communauté entière fait face à une menace, cela favorise la résistance et la survie de l'ensemble. Si nous avions tous répondu de la même manière au danger ou à l'opportunité, une menace unique (prédateur, maladie, sinistre) pourrait nous oblitérer. Nous avons besoin des extrêmes auxquels les personnes se livrent afin de préserver la survie du groupe.
D'autre part, lorsque les enjeux sont apparemment individuels, l'avantage de la diversité peut se trouver obscurci. Étant donné qu'une seule personne réagit, cela peut sembler assez étrange pour tous les autres. Imaginez la Beatlemania, mais seulement vous pouvez voir les Beatles. En visual ici si vous en avez besoin (avec un peu d'aide de mon ami, JH).
Il convient également de noter qu'il existe un effet dose-réponse. En d'autres termes, plus les enjeux sont élevés et plus longtemps j'ai été dans cet état d'esprit, et plus intenses ou extrêmes les réponses tendent à devenir. Au fil du temps, cela est devenu un bon moyen pour moi ou pour d'autres pour évaluer l'importance que j'accorde aux besoins impliqués. Par exemple, si les choses semblent relativement gérables, alors mes réponses ont tendance à être gérables, à la fois par moi et par d'autres. Par contre, si je ne peux pas imaginer vivre ou être heureux si ces besoins ne sont pas satisfaits, alors mes réponses tendent à devenir intenses de façon corrélée.
6. « Sarah, appellez-vous inapproprié le nouveau normal ? »
Si vous faites un signe de tête avec moi à ce stade, merci de cette réaction ! D'autre part, si vous vous sentez confus ou dégoûté, vous n'êtes pas seul. De toute évidence, mes expériences violent les normes conventionnelles. Elles sont habituellement considérées comme inacceptables, désordonnées ou malades.
D'autre part, comme la grande majorité du monde, vous pouvez voir ma vie d'un point de vue "tout-va-bien". Et, pour ceux qui vivent en mode "tout-va-bien", mes réponses ne sont certainement pas la norme.
Mais c'est précisément ce que j'essaie de montrer. Dans les populations de santé comportementale, tout-va-bien n'est pas la norme. La norme dans les populations de santé comportementale est la violence, la privation, la pauvreté, l'injustice et la marginalisation. En d'autres termes, les enjeux sont élevés tout le temps. Les problèmes s'accumulent, puis se combinent ensemble de façon exponentielle. Nous avons rarement, si jamais, une pause. Nous estimons que nous devons constamment défendre notre droit à exister. En termes de dose-réponse, la dose est énorme. Donc, prévoir une réponse assez importante.
Dans mon expérience, malgré toute une vie à essayer d'apprendre à le faire différemment, c'est ce qui se passe. Mais ne prenez pas seulement mon témoignage pour cela. Voici Sabrina Benaim, âgée de 18 ans, "Expliquant ma dépression à ma mère".
Avant de dire, « arrêtez de faire des excuses pour vous-même et prenez un peu de responsabilité », considérez ce qui suit (en dehors des 20 années de thérapie, des milliers de dollars sortis de ma poche, de 20+ médicaments essayés, d'étudier ce matériau au niveau du doctorat, et de dévouer ma vie à essayer de le comprendre):
Il y a une vraiment bonne raison pour laquelle les réponses à enjeux élevés sont difficiles à désactiver: tout être conscient et ancré dans la réalité devrait être importuné par des conditions d'enjeux élevés. En pratique, la réponse à enjeux élevés est un message. C'est comme si votre main brûlait sur un réchaud allumé. Le sentiment intense (la douleur) vous dit de bouger votre main. Cela évite d'autres dommages. Si vous rationalisez ou dissimulez cette sensation, vous ne saurez pas comment cela va finir. (Nous avons les cicatrices pour le prouver).
Tout aussi important, ce n'est pas un hasard si les réponses à enjeux élevés sont considérées comme "inappropriées" et alarmantes. C'est par la conception de la nature, et cela poursuit un double objectif:
- Les prédateurs / concurrents ne peuvent anticiper ou planifier ce que nous allons faire.
- Les gens bien intentionnés sauront que quelque chose ne va pas.
Par conséquent, bien que les réponses à enjeux élevés alarment et déconcertent les autres certainement, c'est la raison pourquoi elles ont une valeur de survie réelle.
Cela souligne la futilité qu'il y aurait à essayer de classer les soi-disant "troubles mentaux" dans une population à enjeux élevés. Le but même de nos réponses est de défier l'explication. Les étrangers ne sont pas supposés savoir ce qui se passe. C'est un plus, pas un inconvénient lorsque les prédateurs potentiels ne peuvent pas se mettre d'accord.
La même fonction de survie explique aussi pourquoi les observateurs trouvent ces réponses si gênantes. Les réponses à enjeux élevés sont supposées provoquer une alarme. Cela effraie les étrangers et avertit ceux qui sont proches de nous que tout n'est pas OK. Si la société fonctionnait comme l'a voulu la nature, le résultat serait brillant. Les opposants seraient dissuadés. Les alliés se précipiteraient à votre aide. Les vrais amis resteraient dans les parages et tenteraient de trouver un moyen d'aider.
C'est aussi un message pour les personnes qui voudraient aider. L'outil d'évaluation est intégré directement dans le système à enjeux élevés. Les règles sont assez claires si vous savez ce qu'il faut rechercher:
- Règle des enjeux élevés N° 1: Lorsque quelque chose aggrave la situation, les enjeux augmentent et les réponses deviennent de plus en plus extrêmes.
- Règle des enjeux élevés N° 2: Lorsque quelque chose améliore la situation, les enjeux diminuent et le mode tout-va-bien revient avec le temps.
En d'autres termes, les soi-disant "propos incohérents des lunatiques" sont réellement "rationnels" dans une perspective à enjeux élevés. Ils effrayent les opportunistes, attirent les alliés disponibles et découragent les éventuels aidants qui ne les aident pas. Si aucune aide n'est trouvée, ils nous conservent en vie et libres de continuer à en chercher une.
De ce point de vue, peut-être que vous pouvez maintenant apprécier la violence - la réelle torture de l'âme - qui consiste à forcer les survivants à se présenter comme si "tout allait bien". Non seulement cela oblitère ce que nous avons vécu, mais cela nous enlève ce qui est souvent le seul moyen que nous avons de communiquer notre douleur à la culture en général.
Il suffit de dire, compte tenu de l'état du monde aujourd'hui, vous devriez nous trouver douloureux à fréquenter. Vous devriez trouver cela difficile si vous il vous est demandé de témoigner. C'est ce qui mettrait votre main sur le poêle qui brûle avec la nôtre. C'est ce qui vous motiverait - et tout le monde avec vous - à rechercher la source de la brûlure. C'est ce qui permettrait aux êtres humains, dans l'esprit d'Einstein, de s'enquérir du petit gars, de se demander ce que c'est que de se sentir si petit et de découvrir une nouvelle réalité tout à fait différente de la vision ordinaire.
Avec le bénéfice du recul, qu'en dites vous, nous rechercherions également une meilleure source d'énergie pour alimenter les relations humaines? Au lieu de diviser les dissidents ou de niveler la résistance, qu'en serait-il si cette fois, nous nous attachions à l'imagination et à l'empathie et nous apprenions à créer une fusion viable et honnête?
Les références:
(1) Caplan, PJ (1995) They Say You’re Crazy: How The World’s Most Powerful Psychiatrists Decide Who’s Normal (Perseus Books: http://www.aw.com/gb).
(2) Whitaker, RH (2010). Anatomy of an Epidemic. New York: Random House.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire