lundi 12 octobre 2015

"La Dignité doit prévaloir" - Un appel des Nations Unies pour abolir les traitements psychiatriques non consentis.

"La Dignité doit prévaloir" - Un appel des Nations Unies pour abolir les traitements psychiatriques non consentis.

Office du Haut Commissaire aux Droits de l'Homme.
10 Octobre 2015 Journée Mondiale de la Santé Mentale.

http://www.ohchr.org/en/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=16583&LangID=E

Extraits traduits de l'anglais :

« Enfermées dans des institutions, liées par des contentions, souvent en isolement, injectées de force par les psychotropes et sur-médiquées, ce ne sont que quelques illustrations de la façon dont les personnes handicapées ou perçues comme telles sont traitées sans leur consentement, avec des conséquences sévères pour leur intégrité physique et mentale.

Globalement, les personnes souffrant de troubles du développement et psychosociaux font face à la discrimination, à la stigmatisation et à la marginalisation et sont victimes de violence psychologique et physique dans les établissements de santé mentale et dans la communauté. Et chaque année, les droits et la dignité de centaines de milliers de personnes à travers le monde sont violés à la suite d'interventions psychiatriques non consenties.

Trop souvent, les personnes souffrant de troubles du développement et psychosociaux sont formellement ou informellement dépourvues de leur capacité juridique et privées arbitrairement de leur liberté dans les hôpitaux psychiatriques, les autres institutions spécialisées et d'autres milieux similaires.

La dignité ne peut être compatible avec les pratiques de traitements forcés qui peuvent équivaloir à la torture. Les États doivent mettre un terme à cette situation d'urgence et respecter l'autonomie de chacun, y compris le droit de choisir ou de refuser les traitements et les soins.

Sans la liberté d'échapper à la violence et aux abus, l'autonomie et l'autodétermination, l'inclusion dans la communauté et la participation à la prise de décision, la dignité inhérente de la personne deviennent concepts vides. La communauté internationale doit reconnaître l'ampleur de ces violations, qui sont largement acceptées et justifiées au nom de la psychiatrie considérée comme une pratique médicale.

Le concept de «nécessité médicale» qui sous-tend le placement et le traitement non consentis ne répond pas aux validations scientifiques ni à des critères solides. L'héritage de l'usage de la force en psychiatrie est contraire au principe «primum non nocere» (ne pas faire de mal d'abord) et ne devrait plus être accepté.

La Convention relative aux droits des personnes handicapées offre une occasion prometteuse pour un changement de paradigme dans les politiques et pratiques de santé mentale. Cette année, la Journée mondiale de la santé mentale souligne plus que jamais la nécessité d'élaborer de nouveaux modèles et pratiques de services communautaires respectueux de la dignité et de l'intégrité de la personne.

Il est opportun de faire le point sur la récente entrée en vigueur de la Convention relative aux droits des personnes handicapées afin d'ouvrir un dialogue entre toutes les parties prenantes, y compris les utilisateurs des services, les décideurs et les professionnels de la santé mentale, qui peuvent apporter des réponses aux questions posées par les normes de la Convention.

Nous demandons aux États de mettre un terme à toutes les formes de détention arbitraire, d'institutionnalisation forcée et de traitement forcé, de veiller à ce que les personnes souffrant de troubles du développement et psychosociaux soient traitées avec dignité et bénéficient de leur droit à faire respecter leurs décisions à tout moment, d'avoir accès au soutien nécessaire et à l'accompagnement pour communiquer efficacement de telles décisions. »