mardi 7 mars 2023

Le bilan santé mentale 2023 français viole les droits de l'homme.

Le Ministère français de la santé met en ligne un bilan de ses actions en 2023 concernant la santé mentale daté du 3 mars 2023. Une analyse par Luc.

Le document est à télécharger en suivant ce lien:
https://sante.gouv.fr/actualites/presse/dossiers-de-presse/article/synthese-du-bilan-de-la-feuille-de-route-sante-mentale-et-psychiatrie-au-3-mars

On note: 

Complète ignorance des droits de l'homme.

Aucune référence aux droits de l'homme dans ce document.

En violation flagrante des engagements de la France envers l'ONU [1], le document promeut la torture psychiatrique [11]: hospitalisations forcées dite "sans consentement", et traitements forcés dits "programmes de soins", ce qui représente une mise sous camisole chimique et lobotomie chimique sans limitation de durée.

La France torture à grande échelle les personnes au motif de handicap psychosocial, soit à la suite d'un ersatz de jugement, sans contradictoire, ni indépendance de la justice vis à vis du pouvoir médical [2], soit par intimidation et menaces, soit de façon opaque dans les institutions du médico-social, soit par la médication psychotrope des enfants, y compris avant l'âge de 5 ans. Il n'y a pas de recours effectif contre ces pratiques, le Défenseur des droits ignore les situations jugées, et la CGLPL refuse de considérer les institutions médicosociales comme faisant partie de son mandat.


Confusion entre santé mentale et psychiatrie, modéle médical du handicap au lieu du modèle social.
 
Le document est à propos et au service d'une corporation, il n'est pas à propos des personnes avec handicap psychosocial et de leurs droits. Il ne concerne pas en fait la santé mentale, qui est le respect de ces droits, mais seulement sa médicalisation sous la forme de la psychiatrie.

La première phrase du document  donne le ton: "La maladie mentale et les troubles psychiques touchent près d’1/5 de la population, soit 13 millions de Français": c'est la sémantique de la psychiatrie, et de la médicalisation a priori des demandes psychosociales.

On doit parler de handicap psychosocial, car la médicalisation de ses difficultés n'est que le choix de la personne elle-même, un choix parmi d'autres approches non-médicales, comme par exemple l'empowerment, l'engagement politique, la défense de ses droits, le développement personnel (Observation générale N°1 sur l'article 12 de la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées: CDPH, réf. CRPD/C/GC/1) [3].

Cette Convention demande de changer de paradigme, et de passer du modèle médical du handicap au modèle social, basé sur les droits de l'homme: cela change tout, et ce bilan l'ignore complètement.


Les leçons des erreurs passées ne sont pas comprises.

Le document établit un terrible constat d'échec:
- on y lit que la France connait la plus forte consommation de psychotropes au monde (Epi-phare).
- 15 à 20% de la population y serait "déprimée"! C'est à dire malheureuse.
- 3 millions de "troubles psychiques sévères": preuve que la psychiatrie échoue à guérir mais chronicise ces difficultés.
- La France a un des taux de suicides les plus élevés en Europe, pour les pays comparables.
- La "santé mentale" est la plus forte dépense de santé.

Il semble évident que la psychiatrie française fait, dans l'ensemble, plus de mal que de bien et que l'argent est mal dépensé. Le rapport ne semble tirer aucune conclusion de cet échec accablant. Il est donc construit sur la répétition de l'échec. Peu importe l'argent qu'on y met, tant que le paradigme n'est pas changé, on peut prédire que la situation va empirer.

Ce bilan montre aussi qu'en France, la politique de santé mentale est décidée par les psychiatres eux-mêmes, qui sont, bien sûr, au service de leur corporation. Or ces psychiatres sont imperméables à la critique. Ils sont aussi influencés à un degré extraordinaire par les laboratoires pharmaceutiques, qui les abreuvent d'idées fausses, lesquelles sont enseignées aussi à tous les médecins français, aux personnel infirmier, aux psychologues, etc. Ces décideurs, y compris au plus haut niveau (Franck Bellevier, Michel Lejoyeux) acceptent des pots de vin de l'industrie pharmaceutique, comme il est facile de constater sur la base de données transparence santé France [4]. Le bras corrupteur de Big Pharma s'étend partout au moyen des fondations Fondamental et Deniker, et des dons à l'UNAFAM [5], et à bien d'autres. Même si c'est l'image qu'elle s'efforce de donner, il est naïf d'imaginer que l'industrie pharmaceutique fait dans la philanthropie: en capitalisme, les gestionnaires demandent des perspectives de bénéfices dans le secteur choisi. Le modèle de marketing de l'industrie du psychomédicament repose sur la fabrication d'un maximum de diagnostics, et sur une relation directe: diagnostic = médicament. Et c'est ce qui se produit: des épidémies de maladies fabriquées [6]. La publicité mensongère des laboratoires psychopharmaceutiques n'est pas présentée comme telle au grand public. Non, elle est enseignée dans les universités et présentée au futurs professionnels comme des vérités scientifiques. Psychopharma redéfinit le langage, vend les maladies qu'elle fabrique, en spécifie les critères par l'intermédiaire des psychiatres qu'elle achète, et leur fournit des outils de diagnostic conçus pour cibler le plus largement possible. Les étudiants qui objecteraient ne pourront pas valider leurs examens.

Si la population est malheureuse, la première chose à considérer, ce sont les droits de l'homme, et la façon dont ils assurés dans notre pays: par exemple, logement, liberté et sécurité, accès à la justice à égalité des droits, non-ségrégation, opportunités égales. Pour certaines personnes, l'approche pharmacologique revient à s'auto-détruire au lieu de changer sa vie, et/ou la société dans laquelle nous vivons. La médication d'une personne peut aggraver sa condition: elle peut perdre ses moyens, elle n'est plus elle-même, elle se démotive et se déresponsabilise, elles souffre de conditions iatrogènes, souvent celles que les produits sont supposés soigner, et au final elle peut se retrouver prise au piège de la dépendance pharmacologique. Beaucoup de psychiatres français semblent résolument aveugles à ces réalités: ils pourront, à la place, allonger la liste des médicaments et quelquefois aussi la liste des diagnostics qui servent d'alibi à ces prescriptions.

La psychiatrie biologique est un présupposé souvent erroné.

Les chercheurs indépendants comme le "Council for Evidence-based Psychiatry" [7], démontrent [8] que:

- Les assertions d'étiologie génétique des troubles n'ont pas été validées, pour schizophrénie et troubles apparentés, troubles de l'humeur, TDAH.
- Les prétentions à détecter les troubles sur l'imagerie cérébrale ne sont pas sérieuses pour schizophrénie et apparentés, troubles de l'humeur, TDAH, troubles de l'anxiété.
- Les théories sur les déséquilibres chimiques du cerveau comme étiologie des troubles ne sont pas fondées pour schizophrénie et apparentés, troubles de l'humeur, TDAH, troubles de l'anxiété.
- Les diagnostics psychiatriques, souvent ne sont pas fiables.
- Les essais thérapeutiques sont le plus souvent construits sur, et interprétés selon, des présupposés non démontrés. Ils sont à majorité de court terme. Ils sont très souvent faussés, car ils ignorent les effets du sevrage dans le groupe placebo. Aussi, l'aveugle est ineffectif, et les mesures sont peu fiables, subjectives et recueillies dans un rapport de pouvoir déséquilibré (comme la possibilité du traitement forcé); celles-ci sont basées sur des échelles de symptômes et pas sur la qualité de vie. Les conflits d'intérêt sont la règle. Les données complètes anonymes ne sont pas accessibles.
- Les syndromes de sevrage des psychotropes sont faussement assimilés à des "rechutes".
- La communication n'est pas correcte.

Un diagnostic représente une enquête causale. Quand l'affaire est artificielle, et quand l'étiologie n'est pas déterminée, il ne s'agit que d'une théorie, et quelquefois plutôt d'une construction sociale, que la personne est libre d'accepter pour elle-même ou non. Présenter les choses autrement est une tromperie.

Quand une personne explique qu'un traitement ne lui convient pas et qu'il ne marche pas, que fait le mauvais médecin? Il blâme le patient. Et ce conflit, en psychiatrie, se traduit par l'extraordinaire violence des hospitalisations forcées et des traitements forcés. Au lieu de remettre en cause leurs présupposés, les psychiatres inventent des concepts bidon (comme: "n'a pas conscience de ses troubles", ou: "anosognosie" ou: "résistant au traitement"). Par ce procédé, ils présentent le désaccord qu'ils entretiennent avec leur patient comme une manifestation de la maladie qu'ils prétendent diagnostiquer. Ce sont des raisonnements circulaires et des tautologies. Le résultat est désastreux: véritables tortures et traumatismes lourds, lavage de cerveau et endoctrinement, iatrogénie, désespoir et déresponsabilisation, mort sociale, suicides, fabrication d'addictions pharmacologiques et de handicaps à vie: le terrible piège s'est refermé sur la personne qui a simplement commis l'erreur de faire confiance au médecin. La psychiatrie, on y rentre facilement, mais la porte de sortie n'est pas prévue. Il peut être extraordinairement difficile de faire lever un diagnostic: le médecin dira plutôt: "compensé", "stabilisé", ou "en rémission". Et le psychiatre, comme le pape, n'a jamais tort.


La psychiatrie biologique n'est pas attractive parce qu'elle chronicise, et parce qu'elle est violente.

Ce qui est basé sur des concepts erronés ne marche pas, mais est davantage nuisible que bénéfique, ce qui viole le principe médical de ne pas nuire.

Torturer son prochain est un acte criminel. C'est pourtant ce qui est pratiqué avec les hospitalisations forcées et les traitements forcés. Ce crime n'est pas attractif pour qui s'engage dans le médical afin d'aider son prochain.

La pédopsychiatrie pharmacologique est très souvent nuisible et immorale. 

La promotion de la pédopsychiatrie est évidemment d'un grand intérêt pour les laboratoires pharmaceutiques: il est avantageux pour cette industrie de conquérir de nouveaux marchés, et de fabriquer des addictions pharmacologiques et des handicaps à vie dès le plus jeune âge.

La pédopsychiatrie oublie souvent qu'elle est au service de l'enfant, et pas au service de l'entourage, ni des enseignants, ni même de la société.

Intoxiquer un enfant avec des psychotropes comme on le ferait avec des drogues, sans preuve biologique d'absolue nécessité, par exemple quand il demande à être écouté, où qu'il se rebelle si ses droits sont violés, cela peut être considéré comme un acte de maltraitance grave. Le motif en est souvent le confort des personnes qui s'occupent de l'enfant, et quelquefois une pédagogie inadaptée, à un âge trop précoce, pour le TDAH [8]. Tous ces médicaments de la psychiatrie endommagent le cerveau et altèrent le développement de l'enfant, en plus d'autres effets nuisibles.

Coller une étiquette psychiatrique à un enfant est un acte qui peut être extrêmement nuisible: c'est le stigmatiser, vis à vis de lui-même, de l'entourage et de la société. On ne retire pas une étiquette psychiatrique: toute sa vie durant, son entourage considèrera l'enfant comme une personne malade.

Au lieu de cela, les droits de l'homme demandent par exemple la non-ségrégation, la désinstitutionalisation, une pédagogie qui s'adapte à l'enfant et non l'inverse, de consulter l'enfant pour toutes les questions le concernant, et en particulier pour les questions médicales.


Le Comité de la CDPH de l'ONU et l'OMS indiquent les mesures à prendre.

Les Observations finales concernant la France [9], les Observations générales et les Directives spécifient clairement les mesures à prendre.

L'OMS propose des dossiers et des formations en ligne pour toutes les personnes concernées, y compris en français [10].

 

Le Collectif demande:

- L'arrêt immédiat des hospitalisations forcées et des traitements forcés, ainsi que la personnalité juridique dans des conditions d'égalité et la désinstitutionalisation [13]: c'est le respect des engagements de la France envers l'ONU.

- Des réparations pour toutes les violations graves des droits de l'homme que la psychiatrie française a perpétrées [12][13]: 

1) Restitution de la liberté et de la jouissance de tous les droits du citoyen et de l'usager.

2) Compensation pour les dommages économiques, physiques et mentaux causés par la coercition, en particulier perte d'emploi, d'éducation, pertes matérielles et morales, frais de justice, de médecine et dépenses sociales.

3) Réhabilitation des victimes dans leur inclusion et participation entière à la vie de la société. Restaurer leur indépendance physique, mentale, sociale et vocationnelle.

4) Satisfaction: mesures effectives de cessation de la violation des droits. Enquêtes, sanctions, exposition publique des faits, excuses publiques, reconnaissance de responsabilité.

5) Garantie de non-répétition: combattre l'impunité, prévenir les violations futures, changer les lois qui les ont permises.

Pour nous, la participation des personnes avec handicap psychosocial aux consultations n'est ni authentique ni équilibrée, tant que ceux-ci sont soumis à des traitements forcés, menaces, intimidations, et endoctrinements: c'est comme de voter sous la menace, en dictature, pour le candidat unique.


Références

  1. CDPH ONU, "Guidelines on article 14", 2014.
    http://www.ohchr.org/Documents/HRBodies/CRPD/GC/GuidelinesArticle14.doc
  2. Cour de Cassation, arrêt n°16-22.544 du 27 septembre 2017, 6ème.
    https://www.legifrance.gouv.fr/juri/id/JURITEXT000035681676?isSuggest=true
  3. Observation générale N°1 sur l'article 12 de la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées: CDPH, réf. CRPD/C/GC/1.
    http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/CRPD/Pages/GC.aspx
  4. Base de données transparence santé France
    https://www.transparence.sante.gouv.fr/pages/accueil/
  5. L'UNAFAM est liée financièrement à l'industrie du médicament
    https://www.unafam.org/nos-partenaires
  6. Robert Whitaker, "Anatomy of an Epidemic: Magic Bullets, Psychiatric Drugs, and the Astonishing Rise of Mental Illness in America", 2011.
    https://books.google.fr/books/about/Anatomy_of_an_Epidemic.html
  7. "Council for Evidence-based Psychiatry"
    https://cepuk.org/
  8. Peter C Gøtzsche, "Critical psychiatry textbook", 2022
    https://www.scientificfreedom.dk/books/
  9. Observations finales pour la France, Convention relative aux droits des personnes handicapées, ONU. Référence: CRPD/C/FRA/CO/1, 4 octobre 2021.
    https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CRPD%2fC%2fFRA%2fCO%2f1&Lang=en
  10.  Matériel OMS de formation aux droits de l'homme en santé mentale, existe en français.
    https://www.who.int/publications/i/item/who-qualityrights-guidance-and-training-tools
  11. Dossier sur la torture psychiatrique au CHRUSP, "Center for Human Rights of Users and Survivors of Psychiatry", en anglais.
    http://www.chrusp.org/home/psychiatric_torture
  12. Hege Orefellen, "Torture and other ill-treatment in psychiatry – urgent need for effective remedies, redress and guarantees of non-repetition", 2015, WNUSP, "World Network of Users and Survivors of Psychiatry" et "We Shall Overcome, Norway". 
    https://dk-media.s3.amazonaws.com/AA/AG/chrusp-biz/downloads/294485/Side_event_CRPD_Art15_March2015_Hege.pdf
  13. Comité des droits des personnes handicapées, Lignes directrices pour la désinstitutionnalisation, y compris dans les situations d’urgence, réf. CRPD/C/5, 2022
    https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CRPD/C/5
  14. Tina Minkowitz, formation à la CDPH, Dossier sur la désinstitutionalisation, "Deinstitutionalization – Reparative Justice Approach", en anglais.
    https://www.crpdcourse.org/course-content/deinstitutionalization-reparative-justice-approach/ 

 
Courrier adressé au Ministre français de la santé et de la prévention.

 


Image depuis: https://quotefancy.com/quote/1673011/Judi-Chamberlin-Nothing-about-us-without-us

mardi 28 février 2023

Le Rapporteur spécial ONU sur les droits des personnes handicapées recommande la conformité avec la CDPH en matière d'autonomie et de désinstitutionalisation dans l'Union Européenne.

Le rapport de Gerard Quinn est disponible en suivant ce lien (le résumé est en français, le texte du rapport en anglais):

https://undocs.org/Home/Mobile?FinalSymbol=A%2FHRC%2F52%2F32%2FAdd.1

C'est très important car, si la France peut se permettre d'ignorer la Convention ONU CDPH qu'elle a pourtant signée, en revanche, elle ne pourra pas ignorer la législation européenne qui en découlera, parce que celle-ci est contraignante pour les membres de l'UE. Le changement de paradigme en matière de handicap, en France, viendra donc probablement de l'Union Européenne. Cela signifiera la capacité juridique à égalité, donc la fin de la discrimination devant la loi, le remplacement des systèmes de prises de décision substitutives comme les tutelles et curatelles par des prises de décision assistées, la fin des hospitalisations forcées (dites "sans consentement"), la fin des traitements forcés (dits "programmes de soins"), et plus généralement la désinstitutionalisation et le développement des services de proximité pour permettre aux personnes handicapées de vivre dans la société. 

L'Union Européenne sera examinée prochainement par le Comité de la CDPH. Certains documents sont présents sur le site ONU (Sélectionner "European Union", cliquer sur "CRPD", et sur le (+) de CRPD, et sur le (+) de "Reporting Cycle II-III"):

https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/TreatyBodyExternal/Countries.aspx

Le Collectif participe à cet examen de l'UE par l'intermédiaire de l'ENUSP ("European Network of Users and Survivors of Psychiatry").

https://enusp.org/


mardi 3 janvier 2023

Le Parlement européen adopte une Résolution pour l'égalité des droits des personnes handicapées

Le 13 décembre 2022, le Parlement européen a adopté la Résolution par 526 voix pour, 10 contre et 83 abstentions. La Rapporteuse du texte est Anne-Sophie Pelletier, Groupe "La Gauche", "La France Insoumise", France.

Le texte complet référencé TA-9-2022-0435 est disponible en français.

C'est un texte positif car il engage l'Europe vers la compliance avec la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH).

Le texte demande de rediriger les fonds européens depuis l'institutionalisation vers les logements et les services de soutien de proximité et les modes de vie avec services de soutien.

Concernant le handicap psychosocial, et l'article 12 de la CDPH, (reconnaissance de la personnalité juridique dans des conditions d'égalité), le texte spécifie:

"36.  invite les États membres à mettre en œuvre des programmes spécifiques qui permettront de sortir de la privation de la capacité juridique des personnes dont le handicap est psychosocial à des régimes de prise de décision accompagnée;"

On regrette qu'il ne soit pas mentionné dans ce rapport les traitements forcés et les hospitalisations forcées tels qu'ils sont pratiqués à grande échelle en France pour motif de handicap psychosocial ou de dangerosité supposée, en violation flagrante de la Convention CDPH.

On regrette aussi que les privations de liberté en institution pour motif de handicap ne soient pas interdites, alors que cela est pratiqué à grande échelle en France, tandis que cette privation de liberté est niée, et que les recours contre les maltraitances et tortures pratiquées dans ces établissements sont inexistants ou ineffectifs (La CGLPL refuse de visiter ces établissements). Même chose pour toutes les maltraitances pratiquées en France sur les enfants en institution, y compris les maltraitances médicales présentées abusivement comme des soins.

On constate néanmoins que, sur ce dossier, l'Europe progresse plus vite la France, dont le gouvernement apparemment ignore les Observations Finales du Comité de la CDPH.

L'Union Européenne sera bientôt examinée, elle aussi, par le Comité de la CDPH. Le Collectif a fourni des informations sur la France au Réseau européen des usagers et survivants de la psychiatrie (ENUSP) afin de rédiger le rapport parallèle concernant l'Union.


Liens:
Le texte de la résolution:
https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2022-0435_FR.html

L'article sur le site du Parlement européen:
https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20221209IPR64418/droits-des-personnes-handicapees-il-faut-changer-de-paradigme-affirme-le-pe

Article Handicap.fr
https://informations.handicap.fr/a-Europe-pas-faveur-handicap-zero-contrainte-34111.php

Vidéo du vote:
https://multimedia.europarl.europa.eu/fr/video/towards-equal-rights-for-persons-with-disabilities-statement-by-anne-sophie-pelletier-the-left-fr-rapporteur-and-extract-from-the-vote_I234871

La Rapporteuse Anne-Sophie Pelletier
https://www.europarl.europa.eu/meps/en/197527/ANNE-SOPHIE_PELLETIER/main-activities/reports-shadow

#CDPH #CRPDNOW #HANDICAP #EUROPE

samedi 10 décembre 2022

Surpopulation carcérale, conditions indignes, absence de recours effectif: Le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe condamne la France.

Suite à l'Arrêt de la Cour Européenne des Droits de l'Homme du 30/1/2020, JMB contre France, le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe condamne la France pour indignité des conditions de détention.

Dans cette décision, le Comité exprime sa vive préoccupation face à l'aggravation de la surpopulation carcérale. Au 1er novembre 2022, le taux d'occupation des maisons d'arrêt était en moyenne de 142,8%, 2225 détenus dormaient sur un matelas au sol. Au vu de l'urgence de la situation, le Comité invite de nouveau la France à "envisager rapidement de nouvelles mesures législatives qui réguleraient, de manière plus contraignante, la population carcérale".

Nous pensons que l'Europe peut faire avancer les droits de l'homme en France.

Références:

- L'arrêt 2020 de la Cour Européenne des Droits de l'Homme:
https://hudoc.echr.coe.int/eng#{%22itemid%22:[%22001-200446%22]}

- Les décisions 2022 du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe:
https://search.coe.int/cm/Pages/result_details.aspx?ObjectID=0900001680a93768

- Statistiques du Ministère de la Justice:
https://www.justice.gouv.fr/prison-et-reinsertion-10036/les-chiffres-clefs-10041/statistiques-de-la-population-detenue-et-ecrouee-33736.html

- Evolution de la population carcérale, Observatoire des Disparités:
https://www.observatoire-disparites-justice-penale.fr/les-conditions-de-d%C3%A9tention/les-%C3%A9volutions-de-la-population-carc%C3%A9rale

- Le site de la CGLPL:
https://www.cglpl.fr/


mercredi 16 novembre 2022

Observations finales pour la France, Convention relative aux droits des personnes handicapées, ONU.

 Nous demandons que la France applique le traité concernant le droit du handicap qu'elle a signé avec les Nations Unies. Cela signifie en particulier, citation:

- "Abroger toutes les dispositions légales qui autorisent le traitement sans consentement et les restrictions de la liberté dans les institutions ou les structures locales pour cause de handicap psychosocial ou de dangerosité supposée."

- "Mettre un terme au traitement ambulatoire obligatoire et appliquer les orientations de l’Organisation mondiale de la Santé sur les services de santé mentale de proximité ( World Health Organization Guidance on community mental health services : Promoting person-centred and rights-based approaches ), comme l’Organisation le recommande dans son plan d’action global pour la santé mentale 2020-2030, qui a été approuvé par l’Assemblée mondiale de la Santé en 2021."


Observations finales pour la France, Convention relative aux droits des personnes handicapées, ONU. Référence: CRPD/C/FRA/CO/1, 4 octobre 2021, Article 14: Liberté et sécurité de la personne, Paragraphe 30.

https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CRPD%2fC%2fFRA%2fCO%2f1&Lang=en

 


Pétition là:
https://www.change.org/p/abolir-l-hospitalisation-forc%C3%A9e-et-le-traitement-forc%C3%A9

Message envoyé à Madame le Premier Ministre.

mardi 9 août 2022

Le mensonge sur la sérotonine: comment Big Pharma vend ses pilules

"La maltraitance, la pauvreté, la discrimination, la perte, les difficultés, l'inégalité, les relations toxiques, le travail inutile, etc, sont tous réels. Les déséquilibres chimiques ne le sont pas."
James Davies, auteur du livre "Sedated", 2021 [1].


Si vous êtes déprimé(e), il y a une cause à cela.
 

Elle peut-être psychosociale (toutes les formes de mal-être et de difficultés), ou bien médicale (par exemple thyroïde, hypotension, médicaments, toxiques, carences - vit. B6, B12, D -, maladies). 

Mais le supposé déséquilibre chimique de la sérotonine dans le cerveau est une pure invention mensongère destinée à vendre des pilules.

Le mensonge du déséquilibre de la sérotonine est exposé.

Par cette étude systématique récente menée par l'équipe de Joanna Moncrieff, en libre accès en suivant ce lien (c'est en anglais) [2]:

https://www.nature.com/articles/s41380-022-01661-0

Le blog "se libérer de la psychiatrie" a traduit l'étude en français [3]:

https://selibererdelapsychiatrie.wordpress.com/2022/08/03/theorie-de-la-serotonine-il-nexiste-aucune-preuve-convaincante-que-la-depression-est-associee-a-une-baisse-des-concentrations-ou-de-lactivite-de-la-serotonine/

L'étude a suscité énormément de réactions, de la part des usagers surtout. Les auteurs de l'étude y répondent sur Mad in America [4]. Cet article a été traduit en français aussi [5]:

https://selibererdelapsychiatrie.wordpress.com/2022/08/04/les-chercheurs-repondent-aux-critiques-de-leur-article-sur-la-serotonine/

 

Les produits n'adressent pas la cause de la dépression.

Les produits improprement appelés "antidépresseurs" de la classe ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), sont des psychotropes qui provoquent un engourdissement émotionnel. Ce sont les produits: citalopram (Séropram), duloxétine (Cymbalta non commercialisé en France), escitalopram (Séroplex), fluoxétine (Prozac), fluvoxamine (Floxyfral), paroxétine (Deroxat), sertraline (Zoloft). Les ISRS-NA sont: milnacipran (Ixel), venlafaxine (Effexor). Ces produits peuvent provoquer des passages en état maniaque, des suicides [6], des altérations de la personnalité (la personne n'est plus elle-même.) Ils entraînent des dépendances et donnent des syndromes de sevrage. Ils sont responsables de troubles sexuels, urinaires et sphinctériens, et on a montré que les troubles sexuels peuvent persister après l'arrêt du traitement [7]. Ils peuvent être tératogènes. Ils n'aident pas à changer ce qui ne conviendrait pas dans la vie et dans la psyché de la personne. Ils risquent d'empêcher la résolution naturelle d'un épisode dépressif et peuvent chroniciser la demande d'aide. Ces produits peuvent aussi être prescrits dans certaines douleurs neuropathiques.

 

ATTENTION ! Les médicaments psychiatriques créent des dépendances. Ne les arrêtez jamais brusquement car les réactions de sevrage peuvent être constituées de graves symptômes émotionnels et physiques qui peuvent être dangereux et conduire au suicide, à la violence et à l'homicide [8].

 

Dessin: Big Pharma explique sa stratégie.

 
 
 
Références:
 
[1] Le livre de James Davies: Sedated, How Modern Capitalism Created our Mental Health Crisis, 2021
 
[2] Moncrieff, J., Cooper, R.E., Stockmann, T. et al. The serotonin theory of depression: a systematic umbrella review of the evidence. Mol Psychiatry (2022). https://doi.org/10.1038/s41380-022-01661-0
 
[3] Se libérer de la psychiatrie: Théorie de la sérotonine : « Il n’existe aucune preuve convaincante que la dépression est associée à une baisse des concentrations ou de l’activité de la sérotonine. » 2022.
 
[4] Response to Criticism of Our Serotonin Paper, Joanna Moncrieff, MD & Mark Horowitz - Mad in America, July 2022.
 
[5] Se libérer de la psychiatrie: Les chercheurs répondent aux critiques de leur article sur le rôle de la sérotonine dans la dépression. 2022.
 
[6] Sur le risque de suicide associé aux produits ISRS.
Hengartner MP, Amendola S, Kaminski JA, et al
Suicide risk with selective serotonin reuptake inhibitors and other new-generation antidepressants in adults: a systematic review and meta-analysis of observational studies
https://jech.bmj.com/content/75/6/523.full
 
[7] Les dysfonctions sexuelles après traitement sont décrites sur le blog de David Healy, (en anglais)
 
[8] Kit de survie en santé mentale et sevrage des médicaments psychiatriques par Peter C. Gøtzsche, 2021.
Le livre peut être commandé en suivant ce lien.
La version sérialisée publiée sur ce blog est archivée ici.

[9] Council for evidence-based psychiatry, UK
 
[10] Le site de Joanna Moncrieff, ses livres.
 

dimanche 24 juillet 2022

Dix ans de psychiatrie forcée, France: absence de progrès. Etude IRDES Juin 2022

Les pratiques de psychiatrie forcée, hospitalisations forcées et traitements forcés, se maintiennent à un niveau très élevé, sur la période de 10 ans, en France, sans progrès apparent.

L'étude:

https://www.irdes.fr/recherche/questions-d-economie-de-la-sante/269-les-soins-sans-consentement-et-les-pratiques-privatives-de-liberte-en-psychiatrie.pdf

Les tableaux Excel:

https://www.irdes.fr/donnees/269-les-soins-sans-consentement-et-les-pratiques-privatives-de-liberte-en-psychiatrie.xls


Notre analyse:

La psychiatrie forcée est dénoncée comme une violation du droit international et des engagements de la France envers l'ONU, en particulier la convention CDPH relative aux droits des personnes handicapées, dans ses articles 12, 14, 15, 16, 17.  Observations générales N°1 de 2014 [1].   Observations finales pour la France 2021 [2].

Sur la forme: les expressions employées dans cette étude nous paraissent manquer de neutralité. Le langage de recherche devrait refléter une perspective globale et non pas la perspective biaisée de l'establishment psychiatrique français. Par exemple: être victime de violences institutionnelles n'est pas un "bénéfice" mais une violation grave des droits basiques de la personne. Parler de "bénéfice", c'est ajouter l'insulte à la blessure. Pour nous les procédures psychiatriques forcées ne sont pas des "soins", mais des violences, des maltraitances, des tortures et des violations des droits basiques de la personne. Ainsi, il conviendrait d'appeler un chat un chat [8], et d'expliciter les expressions trompeuses employées en France:  les "soins sans consentement" correspondent à une hospitalisation psychiatrique forcée; le "programme de soins" est un traitement forcé dans la communauté. Les mots doivent réflèter la réalité, qui peut être une arrestation traumatisante, faisant intervenir la violence policière, ou des procédés de menaces, d'intimidations et de mensonges destinés à forcer la compliance.

Sur le contenu: les violences pratiquées en institutions médico-sociales ne sont pas comptabilisées dans cette étude. La psychiatrisation forcée des enfants [7], qui semble s'être accrue durant la période, n'y est pas évoquée non plus. Les chiffres des tutelles/curatelles en France n'y figurent pas. Nous aimerions qu'un comparatif statistique soit proposé par rapport aux procédures de psychiatrie forcée dans les différents états du monde, et dans les états européens.

Nous pensons que l'absence de progrès en France est liée à:

- Une idéologie omniprésente: la psychiatrie biologique, eugéniste [3], dogmatique, fermée, erronnée, promue par l'argent des laboratoires pharmaceutiques, et des fondations affiliées (comme Fondamental, Pierre Deniker).

- Une politique décidée en fait par l'establishment psychiatrique français, qui s'auto-évalue dans la négation de l'évidence [4], et qui auto-justifie les violations des droits de l'homme pratiquées.

- L'ignorance des progrès réalisés dans d'autres pays, des droits de l'homme, des conventions ONU comme la CDPH, des recommandations et des formations proposées par l'OMS (comme le  Quality Rights e-training [5]).

- Une politique nationale de ségrégation et de privation des droits du handicap: tutelles, institutionalisation [6]. Cela crée des liens d'intérêts financiers. La pseudo-représentation des personnes elles-mêmes par les associations de tutelle et d'institutionalisation.

- L'insuffisance de la participation politique des personnes handicapées elles-mêmes.


D'autres réactions:


Handicap.fr
https://informations.handicap.fr/a-soins-psychiatriques-sans-consentement-hausse-sensible-33263.php


Références:  

[1]  ONU CDPH, Observations générales N°1, 2014, réf: CRPD/C/GC/1.
Lire en particulier les paragraphes 40, 41 et 42.
https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CRPD%2fC%2fGC%2f1&Lang=en

[2] ONU CDPH, Observations finales pour la France, 2021, réf: CRPD/C/FRA/CO/1.
Lire en particulier les paragraphes 29, 30, 32, 33, 36, 37.
https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=CRPD%2fC%2fFRA%2fCO%2f1&Lang=en

[3] The Holocaust, Biological Psychiatry and a Shift Toward a More Humane Psychiatry Today.
Understanding the legacy of Nazi murders of psychiatric patients is essential when building more humane services today. Robert Whitaker, July 28, 2022, Mad in America.
https://www.madinamerica.com/2022/07/the-holocaust-biological-psychiatry-and-a-shift-toward-a-more-humane-psychiatry-today/ 

[4] Déni de réalité. 20 Août 2021. Le Délégué ministériel à la psychiatrie F. Bellivier explique à l'ONU qu'en France, il n'y a pas de contrainte dans les hospitalisations sous contrainte, et que les soins sans consentement respectent le consentement éclairé. C'est en 59:20, là:
https://media.un.org/en/asset/k14/k14eaz3csx

[5] OMS, Quality Rights e-training, en français.
https://t.co/96XepCLy3E

[6] Le rapport de la Rapporteure spéciale ONU du Conseil des Droits de l'homme, Madame Devandas, pour la France, 2019. Réf: A/HRC/40/54/Add.1 (Cliquer sur le petit 'F' à droite pour la version française.)
Lire en particulier le paragraphe H. page 15.
https://ap.ohchr.org/documents/dpage_e.aspx?si=A/HRC/40/54/Add.1

[7] Le rapport parallèle de notre Collectif pour l'examen de la France devant le Comité de la CDPH de l'ONU, du 16 août au 14 septembre 2021. Nous dénonçons en particulier la psychiatrisation des enfants: article 7, enfants handicapés.
https://tbinternet.ohchr.org/_layouts/15/treatybodyexternal/Download.aspx?symbolno=INT%2fCRPD%2fCSS%2fFRA%2f45270&Lang=en

[8] Déclaration de Toronto, 10éme Conférence internationale sur les Droits de l'homme et l'oppression psychiatrique. Par les usagers et survivants. Mai 1982. Traduit en français sur ce blog. L'article 18 dénonce le jargon psychiatrique.
http://depsychiatriser.blogspot.com/2016/09/toronto-1982-declaration-de-principes.html

 

 

ONU, CDPH, Observations générales N°1, 2014, réf: CRPD/C/GC/1



 

La psychiatrie forcée c'est médiéval.