Publié le 25 mars 2016
Un travail en cours
Je n'oublierai jamais, et pourtant je souhaiterais pouvoir le faire, comment est ressentie la brutalité psychiatrique. Être emmenée à l'hôpital par les flics, par l'usage brutal de la force, menottée, alors que mon seul crime était la confusion.
Être dépouillée nue devant les hommes. Être attachée à une civière dans la salle d'urgence psychiatrique. Être piquée douloureusement dans la fesse par une infirmière brandissant une aiguille remplie d'un médicament qui a eu des effets immédiats et cauchemardesques. Être ignorée par les infirmières en train de bavarder, alors que j'ai murmuré, puis dit, puis crié que je devais aller aux toilettes. Être laissée dans ma propre merde pendant des heures car elles étaient occupées à discuter de copains et de styles de cheveux.
Être véhiculée sur roulettes dans une cellule en béton, meublée uniquement avec un matelas au sol, une toilette en métal et un évier minuscule, une fenêtre d'observation dans la porte métallique et une caméra au coin du plafond. Être laissée là pendant des jours, sous la lumière fluorescente éclatante, avec quelqu'un qui vient trois fois par jour pour laisser un repas triste et fade dans un plateau en plastique sur le sol. Faire l'actrice pour la caméra et écrire sur les murs avec ma merde car les médicaments qui étaient supposés m'assommer m'ont rendue plus dingue et encore plus dingue.
Finalement, être relâchée dans le service, mais être renvoyée brutalement de nouveau dans l'isolement cellulaire chaque fois que je "faisais une scène". Apprendre lentement et douloureusement à se conformer, afin de gagner de tels "privilèges" comme de porter des pyjama réels, puis mes propres vêtements; Être autorisée à fumer une cigarette; Être autorisée à faire un appel téléphonique. Être moquée et brutalisée par des infirmières stressées.
Finalement, être autorisée à recevoir les visiteurs, seulement pour les avoir en train de me regarder fixement dans l'horreur et la pitié, car je traîne les pieds comme un zombie, beaucoup trop droguée pour tenir une conversation. Finalement, apprendre les mots magiques qui m'ont fait sortir: « Je comprends que je suis malade et que j'ai besoin de prendre ces médicaments pour le reste de ma vie ». Des médicaments qui avaient déjà produit la bouche sèche; la peau qui desquame; la constipation extrême; les spasmes musculaires douloureux; l'incapacité de m'asseoir, de me tenir debout ou de rester immobile - sans parler de leurs effets sur mon esprit: la terreur, l'agonie, mon échec absolu à être capable de m'accrocher à moi-même. La certitude - ma seule certitude - que j'étais morte et que j'étais en enfer. Que j'étais punie pour des crimes dont je ne me souvenais pas. Que je ne pourrai jamais plus vivre à nouveau dans le monde.
Je me suis trompée dans cette certitude, mais cela a été un chemin difficile, et j'ai dû voyager à travers cela de nombreuses fois. Toujours, quand je reviens dehors dans le monde, je me retrouve souffrante des effets de l'institutionnalisation, terrifiée par la solitude, d'avoir à m'occuper de moi-même, de ne pas être capable de m'en sortir au delà de la poubelle. J'ai dû souffrir les symptômes de sevrage de quelque produit que ce soit, qu'ils me forcèrent à prendre, et que j'arrête de prendre aussitôt que je suis sortie. J'ai été forcée de me punir moi-même, de me frapper moi-même, de me crier dessus moi-même pour avoir été à ce point stupide pour me retrouver enfermée à nouveau. J'ai dû traverser des semaines ou des mois à vouloir me tuer afin de m'assurer que cela ne m'arrivera jamais à nouveau. J'ai dû reconstruire lentement ma vie. Et j'ai dû vivre avec les effets permanents, physiques et émotionnels, d'être empoisonnée par des médicaments psychiatriques et traumatisée par la cruauté institutionnelle.
Ma vie a été une vie protégée, dans l'ensemble. Je suis née et j'ai grandi dans une famille de classe moyenne aisée, avec beaucoup d'amour et de soutien parentaux, et sans violence ni négligence. Je n'ai jamais été violée ni battue ni affamée. Néanmoins, je me suis ennuyée en tant qu'adolescente, j'ai consommé beaucoup de drogues, et j'ai fini par devenir folle, plusieurs fois, au cours des années. Mais être dingue n'était pas, en soi, une mauvaise chose. Si j'avais été autorisée à traverser cela - si j'avais été traitée avec gentillesse et compassion, et encouragée à explorer mes pensées et mes visions et à leur donner du sens - cela aurait pu être une expérience merveilleuse, comme le sentiment qui a toujours accompagné le démarrage de ces aventures. Cela pourrait m'avoir enrichie.
La seule chose vraiment mauvaise qui me soit arrivée est la psychiatrie. Cela a endommagé mon corps et mon esprit, cela a détruit mon estime de soi et cela m'a forcée à me réinventer moi-même, encore et encore, à chaque fois qu'elle me déchirait en morceaux.
(traduit de l'anglais)
I relate to all this without the drug experience. But it is the reality of a psychiatric experience. Will never forget it unforgettable and unforgivable.
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