dimanche 17 avril 2022

Maltraitance au méthylphénidate en pédopsychiatrie: les chiffres en France

Une étude française récente [0] montre que les prescriptions de méthylphénidate en pédopsychiatrie ont augmenté de 116% en 10 ans. Ces maltraitances sont pratiquées sur les plus jeunes, dès 6 ans selon l'AMM [11], mais cela n'est même pas respecté en pratique.

Extrait du résumé de l'étude:

"Entre 2010 et 2019, la prescription de méthylphénidate a augmenté de +56 % en incidence et de +116 % en prévalence. Chez les 3–17 ans, cette prévalence a été estimée en 2019 entre 0,61 % et 0,75 % de la population pédiatrique. Cette consommation concerne essentiellement les garçons (82,5 % à 80,8 % au fil de la période). La durée médiane de traitement chez les enfants de 6 ans en 2011 était de 5,5 ans. Les enfants les plus jeunes sont ceux pour lesquels les durées de traitement sont les plus longues. Le nombre de délivrances annuelles par patient a augmenté entre 2010 et 2019 et ceci suggère une augmentation des durées de traitement. Les diagnostics associés à la prescription de méthylphénidate ne correspondent pas toujours à l’indication thérapeutique, ni à l’Autorisation de mise sur le marché. Parmi les enfants recevant une première prescription de méthylphénidate, 22,8 % se sont vu prescrire un ou plusieurs autres médicaments psychotropes dans la même année. Ces co-prescriptions ont été, le plus souvent, hors AMM et hors recommandation."

 

Il n'y a pas de justification scientifique à ces prescriptions chez l'enfant.

Pour rappel:

- Un enfant qui n'a pas encore la maturité pour suivre une classe n'est pas un enfant malade. On doit respecter son rythme de développement. L'étude précise: "Les enfants et adolescents les plus jeunes de leur classe (nés en décembre plutôt qu’en janvier) ont plus de risque de se voir prescrire du méthylphénidate (+54 % en moyenne au fil de la période)."

- Une pédagogie inadaptée n'est pas une maladie de l'enfant. Prendre exemple sur le modèle éducatif pratiqué en Finlande.

- Une famille dysfonctionnelle, la pauvreté, l'insécurité, etc, ce n'est pas une maladie de l'enfant. L'étude précise: "Les enfants issus de milieux défavorisés présentent aussi un risque accru de médication."

- Le TDAH (Trouble de déficit de l'attention et hyperactivité) est seulement un concept. Le "diagnostic" ne repose sur rien [8]. Les questionnaires ne valent rien. Entre un tiers et la moitié des personnes est positive au test de l'OMS. Faites le test vous-même et "diagnostiquez" vous les uns les autres [9].

- Sur le papier, le "traitement" de ce trouble passe avant tout par une prise en charge éducative, sociale et psychothérapeutique [10]. Mais l'étude explique que cela est négligé: "Le suivi éducatif et psychothérapeutique par les CMPP a fortement diminué entre 2010 et 2019 pour les enfants recevant du méthylphénidate (de 4,1 % à 0,8 %)."

- Le méthylphénidate est un produit neurotoxique [1]. Le méthylphénidate produit des altérations visibles de l'imagerie du cerveau chez l'enfant [3]. Les conséquences d'un traitement au méthylphénidate sur le développement du cerveau de l'enfant ne sont pas connues. Le méthylphénidate donne des pertes neuronales et astrocytaires au niveau du cerveau dans les études faites sur les rats [2].

- Les essais mis en avant portent sur le court terme, mais les résultats de long terme sont désastreux

- La prescription fabrique des maladies mentales: Dans l'étude citée, les prescripteurs ont ajouté un second psychotrope à l'intoxication de l'enfant dans 22,9% des cas, et ce sont des neuroleptiques dans 65,5% des cas et des anxiolytiques dans 35,5% des cas. Les résultats de long terme du traitement par méthylphénidate des enfants suggèrent des risques accrus d'addiction, de suicide, et d'hospitalisation psychiatrique [7]. Le méthylphénidate donne des tics et des troubles obsessionnels compulsifs chez certains enfants [6].

- La prescription de psychostimulants pour TDAH accroit le risque ultérieur de maladie de Parkinson et de maladies du cervelet [4].

- A long terme, les enfants qui restent sous méthylphénidate ont un déficit de croissance osseuse de 1.38 cm par an en moyenne [5].

- Effets secondaires immédiats: troubles cardiaques et vasculaires, troubles du sommeil, aggressivité, psychose (notice FDA).

- Dépendance et accoutumance (document ANSM).


La situation s'aggrave

Aujourd'hui, la France maltraite encore plus ses enfants que les autres pays européens:  

"Dans les pays européens et en Amérique du Nord, le taux de prescription de psychotropes pour le TDAH s’est stabilisé ou montre une nette tendance à la stabilisation depuis 2008. En France, au contraire, ce taux est en croissance continue, si bien qu’en 2019, il a atteint un niveau supérieur à d’autres pays européens comme la Grande Bretagne."

Epargnez aux enfants ce traumatisme et cette intoxication chronique pratiquée en violation des droits de l'enfant. Partagez s'il vous plait.


Références:

[0] S. Ponnou, H. Haliday, B. Thomé, F. Gonon,
La prescription de méthylphénidate chez l’enfant et l’adolescent en France : caractéristiques et évolution entre 2010 et 2019, Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, 2022, ISSN 0222-9617,
https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2022.01.003.

[1] Carlezon WA, Konradi C, Neuropharmacology, 2004
Understanding the neurobiological consequences of early exposure to psychotropic drugs: linking behavior with molecules
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0028390804001820

[2] Schmitz, F., Pierozan, P., Rodrigues, A.F. et al. Mol Neurobiol (2016). doi:10.1007/s12035-016-9987-y
http://link.springer.com/article/10.1007/s12035-016-9987-y

[3] White Matter by Diffusion MRI Following Methylphenidate Treatment: A Randomized Control Trial in Males with Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder
Cheima Bouziane, Olena G. Filatova, Anouk Schrantee, Matthan W. A. Caan, Frans M. Vos, and Liesbeth Reneman
Radiology 2019 293:1, 186-192
https://pubs.rsna.org/doi/10.1148/radiol.2019182528

[4] Curtin, K., Fleckenstein, A.E., Keeshin, B.R. et al. Increased risk of diseases of the basal ganglia and cerebellum in patients with a history of attention-deficit/hyperactivity disorder. Neuropsychopharmacol 43, 2548–2555 (2018).
https://doi.org/10.1038/s41386-018-0207-5

[5] Swanson, 2006 Stimulant-Related Reductions of Growth Rates in the PATS
http://doi.org/10.1097/01.chi.0000235075.25038.5a

[6] Breck G. Borcherding, Cynthia S. Keysor, Judith L. Rapoport, Josephine Elia, Janet Amass,
Motor/vocal tics and compulsive behaviors on stimulant drugs: Is there a common vulnerability?,
Psychiatry Research, Volume 33, Issue 1, 1990, Pages 83-94, ISSN 0165-1781.
https://doi.org/10.1016/0165-1781(90)90151-T.

[7] The Rights of Children and Parents In Regard to Children Receiving Psychiatric Diagnoses and Drugs
Peter R. Breggin 17 April 2014
https://doi.org/10.1111/chso.12049

[8] Mental health survival kit and withdrawal from psychiatric drugs (2020) Peter C. Gøtzsche
https://www.deadlymedicines.dk/books/

[9] Le test du TDAH proposé par l'OMS en français.
https://www.hcp.med.harvard.edu/ncs/ftpdir/adhd/18Q_French_final.pdf

[10] Serge Cannasse commente l'étude française dans Medscape medical news, 2022
https://www.medscape.com/viewarticle/972129

[11] Base de données publique du médicament.
https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/extrait.php?specid=68296221

 

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